Une dernière danse

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Cette vignette est une réponse au défi n°24 de la page Facebook « Bibliothèque de fictions ». Les conditions imposées étaient : Cent mots minimum, le texte pouvant porter le titre de « Une dernière danse ».

     

     

    Une dernière danse

    Aussi loin qu’elle pouvait se souvenir, Marie-Antoinette avait toujours aimé la danse. Enfant, elle se sentait devenir légère comme une plume, adorant la musique, l’agitation, la joie qui découlaient de cette activité. Bien sûr, les compliments sur sa grâce digne d’un papillon n’étaient pas désagréables et apportaient un bonus agréable à tout cela. Désormais adulte, assise aux côtés de son mari, le roi de France, elle observait les courtisans danser avec un détachement et un ennui certain. Son mari n’aimait pas danser. Il avait pris quelques cours, pour lui faire plaisir, mais bien que touchée, elle ne souhaitait pas qu’il se force pour elle. Et sa position interdisait à quiconque de lui adresser la parole en premier, ordre de la sacro-sainte étiquette. Le bal était presque fini et elle avait été une statue parfaite. Cependant, elle ne put cacher son trouble quand elle vit Louis venir avec Fersen.

    – Une dernière danse, Majesté ? Demanda-t-il avec son accent si charmant

    Confuse, Marie-Antoinette regarda son époux.

    – Je m’en voulais de vous priver de votre passion. Expliqua le roi. J’ai donc donné l’autorisation à Monsieur de Fersen de venir vous quérir pour ce bal, et pour tous ceux à venir.

    La reine ne sut que répondre, touchée par la gentillesse sans bornes de son mari mais aussi honteuse. Fersen était son amant. Il n’y avait jamais eu de relations intimes entre eux, mais si son corps appartenait à la France, son cœur, elle l’avait donné à la Suède. Elle se remémora cette horrible lettre qui accusait Fersen d’être le père de son petit Chou d’amour. Louis l’avait crue quand elle lui avait dit la vérité : oui, elle avait des sentiments pour Fersen, mais tous les enfants qu’elle avait eu, ils étaient bien de lui, du roi de France. Il lui avait dit plus tard, qu’après tous les sacrifices qu’elle avait fait depuis son arrivée en France, il ne pouvait pas la blâmer de chercher le bonheur en tant que femme. Cependant, comment accepter ? Comment accepter cette générosité sans bornes alors qu’il en souffrait ?

    – Je serai si heureux de vous voir déployer vos talents de danseuse. Ajouta-t-il avec son éternel sourire

    Elle finit par lui sourire en retour et prit la main de Fersen, qui la mena sur la piste de danse. Marie-Antoinette se souvint alors pourquoi elle aimait tant la danse en France. C’était là le seul moyen qu’elle avait d’être légitimement physique avec l’homme de son cœur. La danse, c’était l’étourdissement incarné et dieu qu’elle avait besoin de s’étourdir :

    Versailles était un tombeau où les gens succombaient tous d’un excès d’ennui mortel.

     

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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