Le Bourgeon blanc

[Marina de Girodelle]

Le Bourgeon blanc 

 

– Tu es si belle ! Tes pétales sont si blancs ! Tu es comme le vent de la vie. Jamais tu ne faneras. Envole-toi… pour l’éternité !

Le vent battait sa chevelure d’or, collait sa robe trempée à ses fines jambes blanches. Les cris d’effroi émanant du sol ne l’atteignaient pas. Si elle vivait, elle faisait déjà partie du royaume des morts.

C’était la seule issue pour elle.

Sa seule échappatoire face à ce mariage à ce monstre libidineux suffisamment vieux pour être son grand-père.

Il la dégoûtait au plus haut point. Son toucher la faisait vomir. Et il n’avait aucun respect pour elle. Il lui avait baisé la main de force. Cela n’était qu’un avant-goût du viol conjugal qui lui servirait de nuit de noces. Elle avait été souillée par cet être immonde qui la révulsait. Si peu, et son corps réagissait déjà, sa main tremblait, son esprit était figé dans un état d’horreur totale. Comment saurait-elle survivre à la consommation de ce mariage si un tel geste la tuait déjà ? Au fait qu’en son sein grandirait les enfants de cet homme ? Elle ne le pouvait pas. C’était au-dessus de ses forces.

Elle préférait encore le péché du suicide que ce cauchemar d’une vie. Le Seigneur était bon. Il la comprendrait et lui pardonnerait. Il valait mieux cela que de devenir cruelle car malheureuse et aigrie.

C’était le seul moyen.

Elle déploya ses bras. Sous peu, cela serait ses ailes.

Aucune peur, aucune souffrance.

Puis ce fut le noir complet et éternel.

FIN 

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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