La malédiction de l’éternité

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    La malédiction de l’éternité 

    L’éternité était un mot, un concept, qui faisait rêver les gens.

    Qui n’avait jamais souhaité l’éternité?

    L’idée de ne jamais arrêter de vivre parce qu’on aimait la vie, parce qu’on avait peur de mourir, parce qu’on était incertain de ce qu’il y avait après le trépas, était quelque chose de rassurant. La foi disait que les âmes étaient immortelles et donc éternelles. Le corps, cependant, avait plus d’attraits pour l’humanité.

    Toutes ces craintes, ces fantasmes, ces pensées, Victor-Clément de Girodelle les avait eus.

    Pourtant, aujourd’hui, il savait que l’éternité était en réalité une prison, une torture psychologique de chaque instant.

    Lui, il avait réalisé le rêve que chaque homme, que chaque femme, avait fait. Il était devenu éternel. Pour être tout à fait exact, le temps s’était arrêté pour lui du jour où il avait croisé ces étranges enfants qui l’avaient emmené au coeur de la forêt anglaise dans leur village où le temps se figeait pour les habitants. Devenu alors l’un d’eux, il avait reçu ce qu’il avait d’abord perçu comme une bénédiction. Il allait être capable de voir de ses propres yeux si le rêve d’Oscar allait se concrétiser, si le combat qu’elle avait mené, pour lequel elle avait donné sa vie, n’avait pas été vain. Il avait vu la naissance de la Première République, sa chute, le Directoire, l’Empire, le retour de la monarchie, sa nouvelle chute, la Seconde République, le Second Empire, la Troisième République…

    Sans compter les deux autres Révolutions qui avaient secoué le pays.

    A l’heure actuelle, il vivait au coeur de la Cinquième République et il était presque certain que ce que la France était, Oscar l’aurait approuvé. Elle aurait pleuré le roi, la reine, mais comme elle aurait été heureuse de voir que les hommes et les femmes étaient réellement libres, pouvant choisir leurs vies, leurs destins, avoir une voix dans la politique de leur pays sans crainte de représailles ! Enfin, sur le papier en tout cas, car il y avait, hélas, toujours des dérives. Mais ces extrémités mises à part, Oscar n’aurait pu qu’aimer l’idée de la démocratie, du droit de vote, masculin comme féminin !

    Cependant, le temps passant, malgré un corps qui ne changeait plus, Girodelle sentait le poids des années sur son esprit.

    Les hommes n’étaient pas fait pour vivre éternellement pour une raison : la vie perdait alors de sa saveur, de son sel.

    Les hommes vivaient la vie avec une telle passion parce qu’elle était fugace et sa fin toujours inattendue.

    Vivre éternellement, c’était perdre ce piquant, cette adrénaline, cette épée de Damoclès qui forçait les gens à profiter au mieux de leur capacité.

    L’éternité allait à merveille avec les arts, l’Histoire, les idéaux, pas des êtres aussi imparfaits que les humains.

    Il se sentait perpétuellement fatigué, fatigué de vivre, de voir l’Histoire se répéter en boucle, mais surtout, désormais, tous ceux qui avaient compté pour lui n’étaient plus là depuis longtemps.

    Certes, il s’était volontairement isolé mais les savoir en vie quelque part suffisaient à rendre la vie supportable.

    Désormais, il était seul, terriblement et profondément seul, sans but, ayant tout vu, tout lu, tout fait.

    La seule joie qui lui restait sur cette terre était de mourir et le Ciel la lui avait refusée, condamnée à voir l’humanité s’étioler tout comme elle s’améliorait dans une boucle infinie.

     

    FIN 

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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