L’aveu du 1er janvier

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Disclaimer :  Lady Oscar est l’oeuvre de Riyoko Ikeda, cet écrit est un écrit de fan, je ne gagne rien, sinon des reviews et les reviews ne permettent pas d’acheter des spaghettis.

    Résumé :  Après l’humiliation que Madame du Barry lui avait fait subir, Marie-Antoinette reçut une visite inattendue.

    Note de l’auteur : Cet OS fait partie du défi « 1er de l’an » que j’ai lancé auprès de la page Facebook « Bibliothèque de Fictions ». A l’instar des brodeurs qui débutent le 1er janvier sur un nouvel en-cours afin de démarrer l’année sur du neuf, j’entame l’année sur un écrit tout neuf. Il peut être le début d’une longue fic, un OS, un prompt, une vignette, peu importe tant que l’année est débutée sur un projet nouveau.

     

    L’aveu du 1er janvier

     

    Allongée sur son lit, Marie-Antoinette sanglotait. Oscar avait tenté de la consoler, à sa manière, et la dauphine lui en était reconnaissante. Mais cela n’apaisait en rien la brûlure de l’humiliation qu’elle venait de subir. Elle, la future reine de France, avait dû plier face aux exigences d’une femme en-dessous d’elle. Oh, la jeune fille aurait volontiers salué une poissarde, une lavandière, un ramoneur, le plus simplement et le plus sincèrement du monde ! N’étaient-ils tous pas des êtres humains ? Des enfants de Dieu ? Là où cela la plongeait dans une opprobre innommable était le fait qu’elle avait dû plier face à Madame du Barry, face à la personnalité qu’était Madame du Barry.

    Madame du Barry n’aurait été la maîtresse du roi, elle l’aurait peut-être saluée bien avant.

    Mais le fait était que la jeune femme agissait comme si elle était la reine de Versailles.

    En un sens, elle l’était, puisqu’elle avait l’amour du roi. Cela, Marie-Antoinette aurait pu passer outre si elle était restée à sa place : une amie de cœur sincère, modeste et discrète. Madame du Barry allait bien au-delà du raisonnable en influençant le roi, en agissant sur ses décisions politiques, en complotant. Ce qu’elle faisait, ces placements, ces promotions, étaient l’apanage des têtes couronnées. Et Madame du Barry ne l’était pas. Elle n’était pas même une épouse morganatique. Elle n’était qu’une prostituée sortie du caniveau par un concours de circonstances. Une prostituée jouait à la reine dans le plus beau palais du monde, continuait de le faire à l’arrivée de la future reine légitime et cela ne choquait personne. Et au final, la vertu avait dû plier face au vice. Sous les dorures de Versailles, à travers de fines craquelures sur les motifs sculptés, la pourriture de la corruption suintait et personne ne s’en inquiétait. C’était d’un scandale sans nom mais personne ne s’en formalisait, tout allait bien dans le meilleur des mondes… Comme elle regrettait l’Autriche ! Ah, comme tout était plus simple à la cour de sa mère ! Madame du Barry aurait été chassée ou, si repentante, elle aurait pu retrouver sa dignité grâce au clergé.

    – Le dauphin est là, Madame la Dauphine. Lui annonça doucement Madame de Noailles

    Marie-Antoinette leva les yeux et vit son époux dans l’encadrement de la porte, ne sachant pas vraiment où regarder, sa timidité toujours aussi présente.

    – Vous, Monsieur ? S’étonna-t-elle
    – Je… Je venais voir comment vous vous sentiez, Madame. Admit Louis-Auguste. Vous êtes partie si brusquement lors des vœux ! Cette femme a été bien méchante de vous forcer ainsi à lui parler.

    Madame de Noailles s’éclipsa. Le prince sourit doucement à son épouse. La jeune fille sentait un poids s’ôter de son cœur. Elle n’était donc pas la seule à détester cette femme. Certes, il y avait ses tantes mais elles semblaient détester tout le monde…

    – Alors vous non plus, vous n’aimez pas Madame du Barry ? Lui demanda-t-elle
    – Non. Non, je n’aime pas Madame du Barry. Répondit-il. Je la respecte car elle apporte de la joie au roi, mon grand-père. Et je l’aurais aimée si elle s’était contentée de cela. Mais elle se pavane à la cour, elle agit comme si elle était la reine !

    Il en parlait avec tant de véhémence que la dauphine en fut surprise.

    – Je me souviens de Madame de Pompadour. Avoua l’adolescent. Elle aussi avait de l’influence sur le roi. Cependant, elle avait toujours fait preuve d’énormément de respect envers ma grand-mère, la reine Marie. C’est elle aussi qui avait favorisé le mariage entre mes parents. Et elle aimait réellement le roi. Madame du Barry n’aime qu’une personne en ce monde et c’est elle-même.

    Il prit place à ses côtés.

    – Je dois vous avouer… Combien je suis fier de vous. D’être votre époux. Vous avez une si grande force de caractère ! Dieu sait que j’aurais plié dès le départ ! On m’a toujours dit que j’étais « Berry le faible ». Vous n’avez peut-être pas gagné cette guerre. Mais vous avez montré à tous de quel bois vous étiez faite. Et je suis l’homme le plus chanceux du monde d’avoir une femme aussi forte que vous.

    La jeune fille parvint à sourire malgré ses larmes.

    – Vous m’accordez trop de crédits, Louis. Et vous ne vous en accordez pas assez ! Le roseau ploie mais ne rompt pas. Vous êtes le roseau. Moi, le chêne, j’ai été déraciné. Et ne dites plus jamais que vous êtes faible ! Celui qui vous a dit cela devrait avoir honte ! Ce n’est pas honteux d’être timide ou un peu gauche ! De préférer la paix à la violence ! Vous êtes quelqu’un de fort, vous aussi. Vous endurez les moqueries sans jamais vous mettre en colère. Moi aussi, je suis fière de vous. Dieu m’a donné un époux gentil, intelligent, cultivé, avec du cœur ! Regardez ! Vous êtes ici pour me consoler alors que d’autres m’auraient laissée à mon sort.
    – C’est bien normal ! Nous sommes mari et femme. Nous sommes amis. Nous devons nous soutenir.

    La princesse sécha ses larmes d’un revers de la main.

    – Vous sentez-vous assez bien pour venir au bal de l’an neuf ? Je ne sais pas bien danser mais je serai heureux de vous accorder un menuet !

    Elle acquiesça.

    Celui ou celle qui allait la priver d’un bal n’était pas encore né ! Et surtout, au bras d’un époux qui la comprenait, qui essayait de la comprendre, elle se sentait tout d’un coup bien moins seule, bien moins exposée.

    Sans le savoir, par ce simple geste, Louis venait de restaurer son armure royale, fissurée par l’indignité de la cour.

    Elle était de nouveau plus fière et plus forte que quiconque.

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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