L’alphabet d’Oscar de Jarjayes

LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Les vignettes (one shot) L’alphabet d’Oscar de Jarjayes

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  • #1573
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Disclaimer :  Lady Oscar est l’oeuvre de Riyoko Ikeda.

    Résumé : Ou 26 mots pour résumer l’héroïne de Lady Oscar.

    Note de l’auteur : Ce recueil fait partie du challenge des deux ans du discord « Défis Galactiques ». Le but est d’écrire, du 12 mars au 26 mars, un drabble entre 100 et 500 mots tous les jours. Attention, il faut l’écrire le jour même et non l’écrire à l’avance pour garder le côté challenge. On peut cependant prévoir ce que l’on écrit : jour 1 – du fluff, jour 2 – du drama, tant que le texte en lui-même est rédigé et posté le jour J.

    Liste des dettes du discord « Défis Galactiques » :  50 nuances de fandom méconnu (12/50) + Soixante cinquième défi extrême : Faire l’alphabet de votre perso (01/26) + 50 drabbles (04/50) : Oscar et André

    L’alphabet d’Oscar de Jarjayes

    A comme André

    André est sa vie entière. Et ce n’est que quand son âme quitte ce monde qu’elle le réalise complètement. Certes, elle a fini par comprendre ses sentiments, son amour, elle s’est enfin autorisée à voir alors que c’était lui qui était aveugle. Elle s’est accordé un peu de bonheur, de joie, de félicité, avant d’entrer dans les prémices de l’ouragan que sera la Révolution Française.

    Dieu merci, elle se l’est accordé.

    Parce qu’alors qu’André meurt sous ses yeux, elle sent son existence s’arrêter, le monde s’écrouler à ses pieds, le son de ses bris résonnant dans une coquille vide alors qu’on vient de lui arracher le cœur sans anesthésie.

    Le cri qu’elle pousse n’est rien de plus que celui d’une agonisante.

    -André !

    Elle est morte, elle aussi.

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

    #1574
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    B comme Bastille

    La Bastille tombe.

    Et elle avec.

    Si Oscar n’avait pas aussi froid, elle goûterait l’ironie poétique de la chose. La Bastille, symbole du pouvoir royal, une ombre qui plane au-dessus des parisiens, tombe alors qu’elle, issue de la noblesse, elle qui a renoncé quelques jours plus tôt devant ses hommes à ses titres et à ses privilèges au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de l’amour, eh bien, elle tombe et ne se relèvera pas non plus.

    La balle reçue va l’achever.

    Comme André la veille.

    Cela aussi, elle aurait pu en goûter l’ironie si elle n’avait pas si hâte de le rejoindre : morts ensemble officieusement du moment où il est parti le premier, morte officiellement le lendemain, elle n’avait plus été elle-même et cette nuit entre les 13 et 14 juillet avait été pour elle la pire des agonies.

    La Bastille est tombée.

    Elle aussi.

    Peut-être est-ce pour le mieux : elle est, après tout, une figure représentative d’un temps que le peuple veut effacer et elle le comprend. Alors, elle préfère se retirer dans l’ombre, Rosalie à ses côtés.

    -André…

    Sa guerre, l’intégralité de ses guerres, s’achève enfin.

     

    FIN

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    #1575
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    C comme Cour

    C’est étrange, pense Oscar, d’aimer son travail mais de détester son lieu de travail. Oui, elle aime son métier : elle est née pour l’armée, on l’a éduquée pour l’armée et à dire vrai, si elle avait fait le choix de vivre une vie comme celles qu’ont ses sœurs, elle aurait sans doute regretté l’armée qui, paradoxalement, avec ses cadres stricts, la rend plus libre que ses aînées. Et puis, elle sert Marie-Antoinette qu’elle admire.

    Mais par Saint Georges, comme elle déteste la cour de Versailles !

    Un cloaque de vices, de la pourriture sous les feuilles d’or, ce qui s’est voulu un avant-goût du Paradis est en réalité un aperçu de l’Enfer. Oui, la cour de Versailles est un lieu de perdition, où la noblesse n’est noble que de nom et bien souvent, c’est dans les bas-fonds de Paris ou parmi le petit peuple que l’on retrouve la vraie noblesse, celle de l’âme, du cœur. Versailles, lui, n’est qu’une coalition d’hypocrites.

    -Je n’aime pas la Cour non plus. Lui avoue son père dans un rare moment où il se confie. Mais les personnes que je sers, oui, je les aime. Cela me rend l’endroit plus supportable.

    La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, on dirait.

    FIN

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    #1578
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    D comme Dauphine

    -Votre uniforme est si beau, capitaine !

    Oscar n’aime pas parler chiffons mais c’est Marie-Antoinette, alors elle laisse couler et elle essaye de participer. La jeune dauphine est terriblement attachante, sincère, unique, elle détonne dans Versailles.

    -J’aimerais l’essayer un jour !
    -Votre Altesse ?! S’étouffe la militaire. Vous n’y pensez pas !
    -Oscar, vous avez là la même expression que Madame de Noailles.
    -Votre Altesse, c’est qu’il n’y aurait aucune justification possible à cela !
    -On dit que la tsarine Elisabeth Petrovna faisait des bals où les femmes se grimaient en homme et les hommes en femmes.

    L’adolescente s’étonne : ce genre de référence n’est pas le style de la princesse. Sans jugement de valeur dans cette pensée, elle sait qu’elle n’est pas très scolaire.

    -Je sais ! Je vais demander à Papa Roi si on peut organiser ce genre de bal à Versailles ! Lui qui a besoin d’amusement, cela le divertirait ! Et avec votre accord, je vous emprunterai un uniforme ! Un vieux ou votre change, je ne voudrais pas abîmer celui que vous portez ! Et vous, vous pourriez porter une de mes robes !

    Oscar soupire mais sourit. On ne refera pas Marie-Antoinette et c’est bien pour cela qu’elle l’adore autant.

    FIN

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    #1582
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    E comme Epée 

    Oscar avait entendu un jour que l’épée était une partie intégrante du corps d’un épéiste. Le bras fait partie du corps, le corps est guidé par l’esprit, l’épée étant un prolongement du bras, elle est aussi un prolongement du cerveau qui la guide. Elle comprend parfaitement cette réflexion et à dire vrai, elle la partage.

    Non, en fait, elle le vit.

    Sans son épée, elle se sent nue, faible, fragile.

    Lorsqu’elle est désarmée, si son entraînement lui permet de vite se ressaisir, c’est comme si on venait de la couper au plus profond de sa chair.

    Son épée n’est pas une partie d’elle.

    Son épée, c’est elle.

    L’épée, le symbole de cette Justice dont elle est assoiffée.

    D’ailleurs, selon feue cette pauvre Diane, le prénom Oscar ne signifie-t-il pas « Dieu et épée » en hébreu ? Son père n’aurait pas pu mieux choisir.

    Oscar François de Jarjayes

    « Dieu et épée » avec un second prénom avec la racine du pays qu’elle porte dans son cœur.

    Dieu, l’épée, la France.

    Voilà qui la résumerait assez bien si elle n’avait pas, par moment, des crises de foi mais l’être humain étant imparfait, peut-être ne ressent-elle pas la justesse de son nom.

    En attendant, quand on lui rend son arme qui avait grand besoin d’être affutée, elle sourit.

    Elle est enfin complète.

    FIN

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    #1583
    Marina de Girodelle
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    F comme Fersen

    -Oscar. Si vous voulez que je me taise, je me tairai et ne l’évoquerai plus.

    Oscar se fige. Elle sait de quoi il va parler. Le bal. La robe. La belle inconnue étrangère. Quelle idiote elle a été ! Elle regrette tant son geste ! Certes, il l’aide à tourner la page mais comme elle a été sotte ! Fersen le sait, elle sait qu’il sait.

    -Parlez, Monsieur de Fersen.

    Autant faire mal une bonne fois pour toute.

    -Je voulais m’excuser, Oscar, pour toutes les souffrances que j’ai pu vous causer. Même malgré moi. Je sais les peines d’un amour que l’on tait et je suis mortifié d’avoir pu être la source d’une telle souffrance pour une amie si chère à mon cœur.

    Si le mot amie fait mal, il réconforte aussi.

    -Vous avez dû me trouver ridicule, Fersen.
    -Loin de là. Vous me prouvez, encore une fois, l’étendue de votre courage. Sortir ainsi de vos sentiers battus, cette audace, c’est tout à fait vous.

    Elle se surprend à sourire.

    -Oscar. Je ne saurai jamais vous aimer comme vous voudriez que je vous aime. J’en suis navré.
    -Je le sais. Ce n’est pas ce que je demande.
    -Mais sachez, mon amie, que s’il n’y avait pas eu la reine, j’aurais pu tomber amoureux de vous. Oui, si la reine n’avait pas existé, je pense que j’aurais pu m’éprendre de vous, de votre âme si magnétique.

    Pour d’autres, cela aurait nourri des désirs de meurtre pour obtenir l’être chéri. Pour elle, c’est en fait une consolation : elle aime la reine avec une affection presque sororale. Elle préfère souffrir que de la faire souffrir. Savoir que dans un autre monde, un autre univers, une autre existence, ils auraient pu partager quelque chose d’autre que de l’amitié est un immense cadeau.

    -J’espère que vous trouverez un jour quelqu’un digne de vous, ma chère Oscar. Et si cette personne venait à se montrer en-dessous de vous, qu’il vous traitait mal, il lui en cuirait, c’est une promesse.

    Même si elle sait se défendre seule. Mais cela l’aide aussi. Au moins, leur amitié est préservée.

    -Merci, Fersen.
    -Je le pense, mon amie.
    -Sachez que dans une autre vie, si la reine existait aussi, je vous pousserais vers elle. Les âmes-sœurs doivent être réunies.

    Ils trinquent à leur lien si précieux.

    L’amitié, n’est-ce pas aussi une forme d’amour, dans le fond ?

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    #1584
    Marina de Girodelle
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    G comme Girodelle

    -Permettez-moi cette seule preuve d’amour, Oscar. Je me retire.

    Girodelle l’aime. L’idée est déjà assez effarante pour lui donner le tournis. Et pourtant, il l’aime et il l’aime d’une manière tendre, douce et, elle va jusqu’à le dire, saine :

    Il sait qu’il n’a aucune chance avec elle.

    Il l’a espéré, l’a voulu, et après tout, il n’y a aucun mal à rêver. Du jour où elle l’a battu, Girodelle est devenu quelqu’un d’autre : elle lui a appris l’humilité. Et lui, en élève studieux, il s’est appliqué à se bonifier.

    Girodelle l’aime, oui.

    Et il l’aime assez, il l’aime respectueusement, il l’aime sainement oui, car il a compris que la meilleure manière de l’aimer, c’était justement de la laisser libre.

    Il lui a avoué ses sentiments au nom de la vérité, parce qu’ils devaient aussi lui ronger le cœur. Mais au final, il lui a offert quelque chose que peu de gens ont osé lui offrir :

    Le choix.

    Le choix d’être sa femme.

    Le choix de rester Oscar.

    Et le respect inhérent au choix qu’elle a fait.

    Il l’aime, l’aimera sans doute toujours mais est déjà satisfait d’avoir son estime, son amitié. Ah, la femme qui saura faire fléchir son cœur à nouveau sera bien chanceuse !

    -Puissiez-vous trouver quelqu’un qui vous aimera autant que vous êtes capable d’aimer, Girodelle.

    Il le mérite amplement.

    FIN

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    #1587
    Marina de Girodelle
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    H comme Héritier

    -Vous êtes mon héritier, Oscar ! Comportez-vous comme tel !

    Héritier.

    Ce mot qui valse dans son esprit et qu’elle en viendrait à maudire. Contrairement à ce qu’André peut penser, elle ne déteste pas sa position. Elle en éprouve même de la fierté : être la légataire de siècles de devoir, de figures emblématiques, d’une histoire, est un honneur et elle veut en être digne.

    Mais si sa condition implique des sacrifices, des concessions, elle ne signifie pas une totale privation de sa liberté, comme ce qu’elle a le sentiment de vivre actuellement.

    Son grand-père était le notaire royal.

    Il n’a donc jamais réellement soulevé une épée.

    Il y a, dans sa longue lignée, des « princes noirs », des bâtards légitimés, des électrons libres… Alors pourquoi lui demander la perfection et le côté lisse qui en découle ? Ne peut-elle tout simplement pas être elle ? Elle n’a pourtant pas à rougir de qui elle est ! Et puisqu’il y a de fortes chances que la lignée paternelle meurt avec elle, pourquoi ne pas la laisser vivre son crépuscule dans un éclat ? Pourquoi ne pas faire de cet automne un véritable été indien ?

    Elle se tait malgré tout.

    Il n’est pas possible de discuter avec son père, pas sur ce sujet-là, alors qu’il est plus moderne qu’il veut le laisser penser.

    Elle est née pour obéir alors elle obéira.

    FIN

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    #1588
    Marina de Girodelle
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    I comme Idéaliste

    -Vous êtes une idéaliste, mon enfant.

    Son père l’avait dit comme un regret : un sourire triste aux lèvres, l’ombre de la nostalgie. Elle n’est pas sans savoir que lui aussi, dans sa prime jeunesse, il avait partagé ses aspirations, ses rêves. C’est peut-être pour cela qu’il est aussi « dur » avec elle.

    Il sait ce que c’est de se briser les os sur les roches de la réalité et du pragmatisme.

    Il sait la douleur que l’on éprouve, les peines de l’âme et il veut lui éviter les mêmes tourments. Elle lui en est reconnaissante.

    Sauf qu’elle veut se briser les os.

    Parce que c’est dans la reconstruction face à l’adversité que l’être humain est le plus intéressant.

    Et elle, elle le sait, elle le sent, son idéalisme la poursuivra jusqu’à la mort.

    Elle ne saurait pas vivre autrement.

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    #1589
    Marina de Girodelle
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    J comme Jarjayes

    Jarjayes.

    Ce patronyme dont elle ne saura jamais se défaire, même si elle épousait André, même si elle abandonnait son nom de famille pour prendre celui de Grandier qui lui plaît tant : au-delà d’être le nom de son amant, il ressemble au verbe grandir qui la qualifie assez bien. N’a-t-elle pas grandi tous les jours, de corps comme d’esprit, pour devenir une meilleure version d’elle-même ?

    Cependant, elle ne renie pas celui offert par son père.

    Parce qu’elle n’a pas honte de qui elle est.

    Elle est Oscar François de Jarjayes.

    Ancienne capitaine puis colonelle de la Garde Royale, commandante de la Compagnie B des Gardes Françaises, l’une des meilleures lames du royaume, à la réputation sans tâche.

    Elle est Oscar François de Jarjayes.

    Et quand on prononce son nom, tout est dit.

    Elle est Oscar François de Jarjayes.

    Ce petit village du sud qui a vu naître ses ancêtres avant qu’ils ne montent en grade, qu’ils n’aient leurs terres en Normandie, leurs entrées à la cour.

    Elle est Oscar François de Jarjayes.

    Et même dans la mort, elle le sera.

    Elle ignore que c’est ainsi que la retiendra la postérité.

    FIN

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    #1590
    Marina de Girodelle
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    K comme Karma

    Oscar croit en Dieu. Bien sûr qu’elle croit en lui. Elle l’aime et le craint comme elle craint son père de chair. Mais il y a cependant une force à laquelle elle croit le plus :

    Le karma.

    Certes, certains mauvais ne le goûtent jamais et de véritables gentils sont giflés sans raison. Mais la majeure partie des cas, ce qu’elle voit comme une puissance conjointe à la main droite divine se charge de récompenser ou de punir selon les cas.

    Et là, elle regarde Rosalie.

    Oui, elle est en train de mourir et elle se surprend à penser rapidement au karma et à celle qui est à la fois un peu sa sœur et un peu sa fille.

    Rosalie qui est toujours restée fière, digne, droite.

    Rosalie qui s’est détournée de la vengeance.

    Rosalie qui a toujours semé le bien autour d’elle.

    Rosalie, après tant de malheur, est la femme d’un homme qui l’adore, qui partage ses convictions…

    Et à en juger par un ventre qu’elle devine, Rosalie va devenir une mère, elle qui n’avait plus de famille.

    Elle sourit : son bébé la consolera. Elle a hâte de retrouver André pour le lui dire : nul doute que lui, il l’attend au Paradis. Avec son karma, il a dû passer les portes de Saint-Pierre avant tout le monde.

    FIN

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    #1591
    Marina de Girodelle
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    L comme Larmes

    Elle a souvent recueilli et séché les larmes des autres. Oscar le réalise soudain : en vérité, elle a été la collectrice de tant de pleurs qu’ils pourraient désormais se fondre et devenir une rivière immense.

    Les larmes de la reine face à ses tourments.

    Les larmes de fierté de son père.

    Les larmes d’amour de sa mère et de Grand-Mère.

    Les larmes de ses neveux et nièces bébés ou encore tout petits.

    Les larmes de Rosalie.

    Les larmes de Fersen.

    Et un jour, elle se souvient s’être demandé, alors qu’elle pleurait seule, cachée de tous, que personne n’était là pour l’apaiser, elle. Au-delà de sa détestation de son propre chagrin car il lui fait honte, elle s’est dit que la faveur n’était jamais retournée, c’était peut-être pour cela que c’était parfois si dur. L’indépendance va peut-être réellement de pair avec la solitude.

    Sauf qu’elle s’est trompée.

    Elle le comprend alors qu’André lui tend un mouchoir sans la regarder.

    André a toujours été là.

    A sa manière, dans l’ombre, en essayant de ne pas la mettre mal à l’aise parce qu’il sait combien elle peut avoir honte d’elle parfois.

    Pour la première fois, une envie lui tenaille le ventre :

    Elle aimerait savoir ce que cela fait d’entendre les pleurs, de voir les larmes, de son premier enfant qui vient de naître.

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    #1592
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    M comme Mars

    Elle a entendu un jour l’adage : les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus. Et quand elle l’a entendu, elle a eu envie de rire.

    Oui, Oscar a manqué d’éclater de ce rire cristallin qu’André adore.

    Venus, l’incarnation de la beauté, la plus belle de toutes, la pomme d’or aussi, la jalousie face à Mars, la guerre, la force, la Justice.

    Tous les hommes qui l’ont aimée ont vanté sa beauté, une beauté apparemment hors de ce monde, divine, quelque chose qui la rend digne de la vénération…

    Alors qu’elle, instinctivement, elle se nomme l’enfant de Mars, si ce n’est Mars lui-même.

    Cette dualité homme-femme dans laquelle son père l’a placée au moment même où il a constaté le sexe entre ses cuisses n’aura de cesse de la poursuivre.

    Peut-être qu’un jour, on accepterait que Venus puisse être Mars et Mars Venus sans que cela ne pose de problème.

    Au-delà de l’appartenance génitale, ne sont-ils pas tous, au final, du même genre ?

    Ils sont humains.

    Voilà ce qui devrait primer sur tout le reste.

    -Je pense que je peux rêver encore longtemps…

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    #1593
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    N comme Noël

    -Vous êtes né à Noël, mon fils. Le jour de Noël. Vous êtes un peu le Messie de notre famille !

    Oscar est prise d’un rire. C’est maladroit mais elle sent l’amour de son père à travers ses quelques phrases. Elle est née, en effet, le 25 décembre. Le même jour que Jésus, le fils de Dieu. Et elle, qui était attendue ardemment, qui a été faite l’héritière de la famille en dépit de son sexe, elle peut être, en effet, « le sauveur » des Jarjayes.

    Le fils prodige.

    Celui qui portera le poids des générations, de leurs réussites, de leurs échecs aussi, afin de les sauver tous et d’éviter que le nom ne périclite.

    Elle observe l’auteur de ses jours, un sourire aux lèvres.

    -Et je crois que je n’aurais pas mieux fait si j’étais réellement née homme, Père.

    A sa surprise, il semble s’adoucir, comme touché mais aussi coupable.

    -Non, en effet. Si vous étiez né homme, vous n’auriez pas pu faire ou mieux faire tout ce que vous avez accompli, mon enfant.

    Ils trinquent.

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    #1595
    Marina de Girodelle
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    O comme Orage

     

    -N’as-tu pas peur des orages, mon enfant ?

    Oscar, six ans, sourit à l’autrice de ses jours.

    -Non, Mère.

    -Un vrai Jarjayes ! S’enorgueillit son père

    La fillette observe la pluie battre le parc du château, ses yeux s’illuminant alors qu’elle entend le tonnerre gronder et qu’elle voit la foudre zébrer le ciel. Elle aime les orages. Non, en fait, elle les adore. Il y a, pour elle, quelque chose de pur dans cette violence naturelle. Elle aime le pétrichor qui naît de ce déluge. Elle goûte particulièrement la bonace après une tempête : cette quiétude qui envahit les lieux, comme si rien ne s’était passé. Les orages, ce sont les gommes du bon Dieu.

    Et puis, n’est-elle pas née un jour d’orage ?

    Chose étrange, oui, un orage le jour de Noël.

    Et pourtant, c’est bien au son de tout cela qu’elle est venue au monde. Cela lui a servi de berceuse, continue à le faire aujourd’hui : elle ne dort jamais mieux que par ce temps précis.

    Avant d’être une Jarjayes, peut-être est-elle l’enfant du gros temps ?

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