La Revanche de Marie-Antoinette

[Marina de Girodelle]

La Revanche de Marie-Antoinette

22 octobre 1781

Marie-Antoinette, dans son lit, tout juste accouchée, jubilait tout en tenant contre sa peau son deuxième enfant. C’était un garçon, un fils, un dauphin, un futur roi de France. Elle avait attendu ce moment depuis si longtemps ! Le Seigneur avait exaucé sa prière, elle était la mère d’un fils de France. Patience est mère de vertu, or la jeune reine devait être la plus vertueuse de toutes les femmes de France et de Navarre. Ce bonheur, cela faisait presque une décennie qu’elle l’attendait, depuis son arrivée à la cour de France. Et elle n’avait rien oublié.

Les messes-basses des poissonnières.

Les regards condescendants.

Les insultes déguisées.

Les remontrances.

Alors que dans cette stérilité subie, elle était une victime.

Mais au final, elle avait triomphé. Les courtisans passent, la souveraine demeure, elle était toujours là, la reine de France, la mère d’une princesse mais surtout la mère d’un prince. La Vie l’avait vengée. Elle venait de donner tort à tous ses détracteurs. Elle, l’Autrichienne, venait d’obtenir sa revanche. Sa revanche sur la du Barry, Mesdames Tantes, son beau-frère hypocrite, la cour, les pamphlets, feue sa chère maman aussi. Elle pouvait enfanter, mettre au monde des fils en bonne santé. Dieu l’avait mise sur le trône de France et avait décidé qu’elle y resterait en lui accordant un fils. Sa couronne, elle ne la devait qu’à la divine providence, qui venait d’annoncer à l’Europe entière que elle, Marie-Antoinette, fille de l’Impératrice Marie-Thérèse, épouse de Louis XVI, était la véritable reine de France. La jeune femme en était convaincue. Elle regarda son bébé, persuadée qu’un jour, il serait roi, le plus grand des rois, célébré par l’Histoire. Et tout le monde saurait qui était la mère de ce roi, elle que l’on croyait stérile.

Fin

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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