La Morte-Vivante

[Marina de Girodelle]

La Morte-Vivante

 

– C’est de votre faute! C’est de votre faute ! Si vous l’aviez élevée en femme, comme le voulaient le Seigneur et Dame Nature, Oscar vivrait encore ! C’est de votre faute si elle est partie !

Son mari eut la décence de baisser les yeux. Il la laissait le frapper de ses poings, hystérique, mugissante comme un animal blessé, le visage rouge et les yeux noyés par un océan de larmes.
Oscar, sa petite Oscar, venait de lui être arrachée par les fusils de la Bastille. Elle avait mal, mal jusqu’au plus profond d’elle-même, dans ses entrailles qui avaient porté cet être qu’elle adorait.

Comment pouvait-elle vivre alors qu’elle allait enterrer son bébé ?

A quoi bon ?

Pourquoi Oscar avait-elle due être rappelée auprès de Dieu ?

Pourquoi la Nature laissait-elle une telle horreur se produire ?

Pourquoi ?

Cette question devenait une véritable litanie dans son esprit. Pourquoi Marguerite-Emilie de Jarjayes devait-elle vivre avec la mort de sa benjamine dans le cœur ? Coeur poignardé par la vie elle-même. Elle trouva vite la réponse.

Elle ne vivrait pas.

Elle ne survivrait pas.

Elle ne ferait rien pour mourir mais rien pour vivre non plus. La douleur serait sa confidente en attendant les bras chaleureux de la Faucheuse. Ainsi, sans offenser le Ciel, elle pourrait enfin retrouver son Oscar chérie.

 

FIN

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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