Dans le silence de la nuit

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Dans le silence de la nuit 

    Nicolas n’était pas fâché d’être rentré de ce satané château de Versailles. Il était tard, il était fourbu. Mais Jeanne avait obtenu ce qu’elle voulait : de l’argent, de la part de la sœur du roi. Jeanne était une comédienne hors-pair ! Cependant, depuis leur retour, elle lui semblait morne. La rencontre avec cette espèce de petite blonde, qui avait eu l’audace d’appeler Jeanne par son prénom, de l’entraîner pour lui dire quelque chose, semblait avoir eu des effets indésirable sur sa femme. Après mûre réflexion, elle lui rappelait quelqu’un. Sa propre belle-soeur. Mais Jeanne avait bien dit que c’était une erreur. Il ignorait si elle disait vrai mais sa parole était sacrée pour lui. Alors, il ne chercha pas plus loin. Cependant, là où cela commençait à être ses affaires, c’était que ce que lui avait dit cette péronnelle troublait son épouse. Elle avait été silencieuse pendant tout le voyage du retour !

    – Je vais me coucher, je suis épuisée. Avait-elle dit dès le seuil de leur demeure passé

    – Veux-tu que je dorme dans l’annexe ce soir ? Lui avait-il demandé

    – Oui, cela serait mieux.

    Cela faisait déjà trois heures qu’ils étaient rentrés et pourtant, de la lumière émanait toujours de la chambre maritale, la porte entrouverte et… Des pleurs ?! Jeanne pleurait ?! Non, décidément, il ne pouvait pas faire la sourde oreille ! Elle pouvait bien le sermonner après, il ne pouvait pas la laisser triste !

    – Jeanne ? Appela-t-il

    – Va-t-en, Nicolas ! Aboya-t-elle, la voix éraillée

    – Ta porte de chambre était ouverte et… Oh, oublie…

    Sa voix s’était cassée quand elle avait tourné ses yeux verts sur lui, aussi noirs de colère, de honte qu’ils étaient noyés et rougis. Elle détourna le regard quand il lui souhaita bonne nuit.

    – Maman… Maman est morte… Finit-elle par lâcher entre deux sanglots avant même qu’il n’ait pu fermer la porte.

    A ces mots, il se précipita à ses côtés et s’assit près d’elle.

    – Cette fille… C’était Rosalie… La fille que je t’avais demandé d’effrayer… Elle m’a dit que ma mère était morte… Renversée par un carrosse! Oh Nicolas… Ma mère est morte…

    – Oh Jeanne… Tu sais bien que tu n’as pas à te retenir devant moi…

    – Je détestais la vie que nous menions à trois quand j’étais petite… Je la haïssais pour sa faiblesse! Mais…

    – Mais c’était ta mère. Celle qui te consolait de tes cauchemars, qui te serrait dans ses bras. Jeanne, il n’y a pas de mal à pleurer sa mort!

    – Pleurer ne mène à rien, Nicolas! C’est un signe des êtres geignards qui ne font rien pour changer!

    – Peut-être. Tu as sans doute raison. Mais moi, je te connais. Alors, s’il te plaît, vu que je connais la vérité sur ton être, ne voudrais-tu pas me laisser être le témoin loyal et silencieux de tes larmes?

    Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle sanglote encore plus, encore moins à ce qu’elle le laisse l’enlacer doucement, en lui caressant les cheveux.

    – Maman est morte… Seigneur, la pauvre femme…

    – Pleure, Jeanne. Il n’y a que moi ici. Et mes lèvres sont scellées.

    Le matin trouva Nicolas, les yeux cernés, serrant son épouse, endormie, les yeux désormais secs.

     

    FIN 

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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