Canaille

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Canaille 

    Madame du Barry était une canaille de la pire espèce.

    C’était le seul mot qui venait à l’esprit de Marie-Antoinette alors que les mots de ses tantes par mariage, qui lui expliquaient qui était la jeune femme si belle mais à l’arrogance d’un paon, valsaient encore dans son esprit.

    Ce qui choquait la jeune fille, ce n’était pas tant son statut à la cour et étonnement, le fait qu’elle était née dans la roture ne la dérangeait pas non plus. On ne choisissait ni l’homme que l’on aimait ni la famille dans laquelle on naissait.

    Son ancienne profession, en revanche, la faisait frissonner. Une prostituée était la maîtresse du plus grand roi du monde et cela ne choquait personne !

    La manière dont elle était arrivée dans le lit du roi non plus !

    Tout le monde savait que Louis XV s’exhibait avec une catin à son bras, une canaille de la pire engeance qui avait fait tué son mari le lendemain de ses noces, une fois le titre gagné, le pauvre homme ne servait plus à rien. Le roi offrait ses faveurs et son cœur à une femme de mauvaise vie, qui avait vendu son corps pour de l’argent, et sali ses mains avec le sang d’un comte, forcé de l’épouser sur ordre royal. Louis XV savait-il d’ailleurs le plan de sa nouvelle conquête ? Non, c’était exclu ! La cour ne pouvait pas être aussi corrompue !

    Oui, si Madame du Barry avait été la maîtresse du roi, née dans les bas-fonds mais qu’elle avait une âme noble, un réel amour ou une affection pour son souverain, la jeune dauphine s’en serait volontiers fait une amie. La naissance ne faisait pas tout et elle le savait.

    Mais ce n’était pas le cas.

    La du Barry ne s’était pas offerte à un homme qu’elle aimait en dehors des liens du mariage, comme les nombreuses héroïnes des romans que la princesse aimait tant.

    Non, elle leur prenait leur argent en échange de baisers et de caresses.

    A cette aura qui sentait le stupre, elle avait ajouté l’odeur du sang, de la mort.

    Et tout le monde acceptait cela avec la plus grande bienveillance du monde.

    Derrière ses dorures et ses marbres, Versailles n’était que pourriture et vices, un cloaque d’immoralité qui lui donnait la nausée.

    Cependant, Marie-Antoinette ne se découragea pas. Dieu l’avait voulue dauphine de France puis reine, quand le règne de Louis XV finirait. C’était donc qu’il avait une mission pour elle : faire respecter la morale, donner le ton, ramener la cour à plus de bon sens dans le domaine spirituel.

    Et c’était bien ce qu’elle ferait.

    La guerre contre Madame du Barry était déclarée.

     

    FIN 

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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