A travers elle

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    A travers elle

     

    Alors qu’il descendait les escaliers du palais autrichien, Hans Axel von Fersen aperçut, du coin de l’oeil, la silhouette d’une frêle jeune femme blonde, qui marchait derrière ses dames, l’air malheureux. L’espace d’un instant, le fantôme qu’était Marie-Antoinette avait repris forme et chair à travers sa vision qui se brouillait de larmes.

    – Ce ne peut pas être elle… C’est impossible. Se disait-il

    Pourtant, l’espace d’une fraction de seconde, face à cette apparition, il était plus de vingt ans en arrière, lors de ce bal masqué à Paris qui allait sceller son destin et celui de son coeur. La nuit où il avait rencontré cette princesse autrichienne mariée à la France, dont le nom était désormais tabou à la cour de Vienne.

    La même silhouette fine, la même blancheur délicate, les mêmes traits, la même chevelure, la même grâce… Seuls ses yeux étaient différents. Là où Marie-Antoinette les avait bleu, ceux de Marie-Thérèse Charlotte étaient d’un gris pâle.

    – Marie-Thérèse… C’est Mousseline! C’est Mousseline! Elle a survécu! Elle vit!

    Le coeur de Fersen, qui ne battait qu’au ralenti depuis cette date maudite du 16 octobre 1793, accéléra sa cadence grâce à cette pensée. Elle lui ressemblait tant! Elle était presque sa parfaite jumelle au même âge!

    Une part de la femme qu’il avait tant aimé était encore sur cette terre et vivait encore à travers sa fille, dans le sang qui coulait dans ses veines, dans sa ressemblance avec sa génitrice.

    Et si, bien sûr, Marie-Thérèse Charlotte n’était pas sa mère, Marie-Antoinette n’était cependant pas complètement éteinte et les gens qui n’avaient pas eu la chance de la connaître jadis auraient la chance de la connaître, inconsciemment, à travers son enfant.

    Et si Fersen savait les plus beaux jours de sa vie derrière lui, s’ils les savaient morts sans possibilité de résurrection, il remercia Dieu que de l’avoir laissé vivre assez longtemps pour vivre cet instant merveilleux:

    Apprendre que Marie-Thérèse vivait et à travers elle, dans son être entier, Marie-Antoinette vivait encore d’une certaine façon.

     

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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