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#604
Marina de Girodelle
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La Part du Lion

Chapitre 4 : Fourré d’or ou de rouge

 

Si Lancel parvint à traverser le couloir pour rejoindre ses appartements, il n’en gardait pas le souvenir. Son esprit était hanté par ce que Cersei avait dit.

« Sa mère nous a dit qu’elle était d’accord avec nous mais rien ne prouve qu’elle ne fera rien pour récupérer son fils, prétextant qu’elle ne savait rien des plans de son père et qu’elle n’avait jamais souhaité que Lancel soit adopté. »

Cette phrase tournait en boucle dans sa tête, revenant toujours alors qu’il tentait de la chasser. Cela était une plaisanterie, cela ne pouvait pas être autre chose. Bien sûr qu’il était le véritable fils de Kevan Lannister ! Peut-être que sa cousine voulait se venger de son père pour une raison qui lui échappait ? Non, pas comme cela. Cersei était intelligente. Kevan avait l’oreille et l’amour de son frère aîné et une telle accusation remontait facilement, elle aurait eu de graves ennuis si cela était arrivé. Mais alors, pourquoi cet alignement de mots le perturbait-il autant ? Il était le fils légitime de Kevan Lannister et de Dorna Swyft ! Pourquoi cela le mettait-il dans un état pareil s’il savait que cela était faux ?

– Peut-être parce que c’est vrai. Lui rappelait cruellement une partie de son inconscient

Et son esprit, lui, renvoyait cette salve de « C’est faux! » si rassurante.

Il était soulagé que son service avait pris fin. Il ne savait pas comment il aurait fait pour servir Robert dans son état.

– De toute façon, que tu t’appliques ou que tu lambines, pour lui, c’est du pareil au même. Pensa-t-il en ôtant sa cape et son bonnet, puis défaisant son plastron.

Il décida de ne plus bouger de sa chambre avant le repas. S’il allait au repas. Il pouvait toujours prétexter qu’il ne se sentait pas très bien ou qu’il n’avait pas faim. Mais cela inquiéterait immédiatement son père et ses frères. Et il était un piètre menteur.

– Cersei ne l’a peut-être pas fait exprès. Elle est douée pour obtenir des gens qu’ils agissent à sa place mais elle n’est pas aussi cruelle. Tenta-t-il de se convaincre

Un grondement sourd brisa sa réflexion. Le ciel s’était couvert et un orage venait d’éclater.

– Dire qu’il faisait si beau ce matin. Soupira l’adolescent avant d’admettre que cela était une raison toute trouvée pour ne pas quitter sa chambre.

Ca, et le fait qu’il avait peur de se perdre dans ce château si immense.

Quelques coups discrets furent frappés à sa porte. Lancel les reconnut aussitôt avant même que le visiteur ne puisse lui demander la permission d’entrer. Néanmoins, il laissa ce soin au nouvel arrivant.

– C’est moi, Lancel. Puis-je entrer ? Demanda alors la voix de son père
– Bien sûr.

Par réflexe, il se leva pour l’accueillir, c’était systématique, même si Kevan lui répétait sans cesse qu’il pouvait rester assis. Et voyant l’expression sur le visage de son père, le jeune homme sut que l’événement de la cruche de vin n’allait pas être rangé au fond d’une malle. Pourquoi avait-il l’air blessé, hésitant, désolé même ?

– Ce que tu as entendu, tu l’as entendu à partir de quand ? Demanda-t-il
– Dès que Cersei a évoqué le mot biologique.

Kevan soupira. Le jour qu’il craignait le plus était arrivé.

– Mais je ne pense pas qu’elle était sérieuse, cela était certainement une plaisanterie. Ajouta son fils

L’homme se sentit encore plus mal. Il ne voulait pas briser le cœur de Lancel. Mais il ne voulait pas lui mentir non plus. Et il valait sans doute mieux qu’il l’apprenne par lui que par une personne tierce.

– Lancel… Commença-t-il. Je pense que tu devrais t’asseoir.

L’adolescent obéit sans protestation, se demandant vraiment ce qu’il se passait. Quant à Kevan, il pria rapidement les Sept de lui donner le courage que de tout lui dire, ainsi que de lui donner les mots justes. Parce que né de lui ou non, Lancel était avant tout SON enfant, SON fils, ce petit garçon plein de vie et de bonne volonté qu’il avait élevé et aimé durant ces quinze dernières années.

– Qu’as-tu compris des paroles de Cersei ?
– Qu’apparemment, j’ai été adopté et que ma génitrice vivrait ici. Mais je n’en crois pas un mot.

Il avait insisté sur le mot génitrice, refusant de l’appeler Mère. Sa mère, c’était Dorna Lannister, née Swyft, la fille de Ser Harys Swyft, chef d’une des maisons vassales des Lannister.

– Tu évoquais une plaisanterie. J’aurais aimé pouvoir te dire que cela en était une. J’aurais vraiment aimé pouvoir te le dire, Lancel.

Kevan vit alors les pupilles émeraudes de son fils s’écarquiller sous le choc, son visage devenant soudain illisible.

– Alors, elle… Parvint-il à murmurer avant que sa voix ne s’éteigne

Kevan ne put qu’acquiescer en silence avant d’entreprendre de raconter toute l’histoire à l’adolescent.

XXXXXX

Castral Roc, quinze ans auparavant.

Dire que cela était un après-midi banal dans l’Ouest de Westeros aurait été mentir pour Kevan. C’était bien la première fois que quelqu’un demandait une audience à son frère pour faire adopter un enfant qui n’était même pas celui du visiteur ! Le nourrisson semblait avoir à peine deux mois. Il avait été confié à Dorna, son épouse, le temps de la discussion et il avait eu un pincement au cœur en la voyant si radieuse quand elle avait tenu ce bébé dans ses bras. Malgré tous leurs efforts, toutes les prières de son épouse, leur mariage demeurait pour l’instant stérile.

– Vous voyagez à travers les contrées pour trouver une famille noble à ce bâtard né d’une pucelle et d’un palefrenier ? S’étonna Tywin
– J’ai peut-être été payé pour enlever cet enfant à sa mère mais je me refuse à honorer la seconde part du contrat. Bâtard ou non, cet enfant ne mérite pas que je lui ôte la vie.
– Et qui vous a ordonné cela ?
– Le père de l’accouchée.

Kevan se mordit discrètement la langue pour ne pas montrer sa révulsion. Quel genre d’homme ordonnait la mise à mort de son propre petit-fils parce qu’il était né en dehors des liens du mariage ?Enlever un enfant à sa mère était déjà cruel mais le frère de Tywin comprenait que parfois, une telle horreur était nécessaire. Cependant, quelle menace représentait ce petit être que sa femme surveillait ? Le fils illégitime d’une jeune adolescente noble et d’un palefrenier. Franchement. Certes, elle était l’héritière de la famille mais il aurait été justement avisé que de lui laisser son bébé, bâtard ou non, il était une preuve qu’elle était féconde, ce qui aurait pu être un avantage sur l’échiquier du mariage. De plus, elle semblait s’en être bien remise, autre point important. Non, décidément, il ne comprenait pas ce qui avait pu pousser le grand-père de ce petit garçon à agir ainsi. Il fut tiré de sa réflexion par Tywin, qui lui demanda de le suivre pour parler en privé.

– Ta femme semble subjuguée par cet enfant. Commença-t-il

Il se contenta d’acquiescer.

– Quel est son physique ? Lui demanda-t-il
– Blond aux yeux verts. Répondit Kevan, surpris par une telle question
– Alors c’est tout trouvé.

De plus en plus étrange.

– Accepterais-tu d’adopter cet enfant, Kevan ?

La proposition lui fit un effet choc. Il avait bien entendu ? Tywin lui proposait que cela soit lui le père de ce bébé ?

– Avec son physique, cet enfant peut parfaitement passer pour un Lannister. De plus, par chance, ton épouse et toi, vous êtes assez retirés de la vie de cour. On peut aisément prétexter ce retrait par une grossesse. Personne ne pourra remettre sa naissance en cause.

Cela était simple et ingénieux et au fond de lui, Kevan voulait donner à cet enfant un deuxième départ. Mais il ne put s’empêcher de se demander pourquoi son frère s’était embêté à trouver tant de prétextes pour qu’il puisse faire passer cet enfant comme étant son neveu. Tywin était loin d’avoir un cœur de pierre mais pour être le chef des Lannister, pour faire en sorte que jamais plus leur maison ne connaisse le déclin et les rires, il avait dû abandonner l’idée même d’être philanthrope. Leur père avait été bien trop bon et on en avait profité, traînant le nom du clan dans la boue, ce dont Tywin avait souffert car il l’avait vécu comme une humiliation, une rage bouillonnante qu’il avait dû contenir jusqu’à son accession à la tête de la famille.

– Ne crois pas que son histoire m’ait touché. Ajouta-t-il
– Je n’aurais jamais osé. Pensa Kevan
– Mais je sais que tu feras un bon père. Tu en as toujours rêvé.

Tywin n’en ajouta pas plus mais Kevan le comprit parfaitement et cela le touchait au-delà des mots. De tous les cadeaux que son frère aîné avait pu lui offrir, celui-là était le plus précieux et le plus beau. Les critiques des autres, disant que Tywin n’avait pas de cœur, cela le faisait doucement rire. Il venait d’en avoir assez pour sauver un enfant et pour offrir, à Dorna ainsi qu’à lui, la réalisation d’un rêve alors inaccessible.

Son aîné alla voir le visiteur, lui expliquant que son cadet allait élever l’enfant. Il lui demanda des précisions sur la famille biologique du garçon.

– Une famille française. Les Jarjayes. Un lion bleu tenant un sabre dans sa patte droite, le tout sur fond noir.

Tywin se chargea des formalités et s’en alla pour accomplir ses autres devoirs, murmurant un « Félicitations » chaleureux à son frère. Kevan rejoignit alors son épouse.

– Dois-je confier ce petit au visiteur ? Demanda-t-elle
– Cet enfant ne quittera pas ce château. Répondit-il
– Comment cela ? S’étonna-t-elle

Le sourire de son mari lui fit comprendre que désormais, ce bébé était le leur. Elle eut un rire et un sourire radieux. Et alors qu’il prit le nourrisson dans ses bras, il sut immédiatement qu’il l’aimerait jusqu’à sa mort.

– Lancel.

XXXXXX

Lancel écouta son père lui expliquer toute la vérité. Quatre ans après son adoption, les Dieux avaient béni ses parents en leur donnant Martyn et Willem. Dix ans après, c’était Janei qui venait au monde.

Cersei avait dit vrai. Dans ses veines, ce n’était pas du sang Lannister qui coulait, mais celui des lions Jarjayes.

– Ai-je déjà vu mes géniteurs ? Parvint-il à dire d’une voix étonnamment claire
– Je pense que oui. Il s’agit de la colonelle de la garde royale, Oscar de Jarjayes, et de son palefrenier qui la suit dans ses déplacements. André Grandier je crois.

Lancel fit un calcul rapide. Oscar devait avoir son âge quand elle accoucha de lui. Et elle aurait eu le même âge que lui si son grand-père avait eu un employé moins à cheval sur ses principes moraux.

– Si tu veux les rencontrer, les connaître…
– Cela ne sera pas utile.

Kevan regarda son fils avec étonnement. Il fut encore plus surpris quand il l’enlaça.

– Je n’ai qu’un seul père, et mon père, c’est vous.

Pour la première fois en presque une heure de torture mentale, l’homme eut un sourire de soulagement, tout en rendant l’étreinte à son enfant.

Lancel avait raison. Oscar de Jarjayes était peut-être la génitrice de Lancel. André Grandier était peut-être celui qui l’avait mise enceinte. Mais Dorna et lui étaient ses parents.

Lancel était peut-être un fils Jarjayes.

Mais il était avant tout le sien.

 

A Suivre

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!