Répondre à : La part du lion [Game of Thrones/Lady Oscar]

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#602
Marina de Girodelle
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La Part du Lion

Chapitre 2: Avant l’orage

 

La rencontre des familles royales s’était bien passée. Lancel s’était attendu à bien pire. Mais le roi de France semblait être un homme de paix là où son roi glorifiait la guerre. Cela n’avait rien d’étonnant, étant donné qu’il était devenu le souverain des sept couronnes sur le champ de bataille. Louis XVI n’avait pas fait une grande impression sur le jeune écuyer. Grand et rond, les yeux assez doux, il semblait plus gêné d’être là qu’autre chose. Il semblait néanmoins cultivé et bon. Sa reine était d’une grande beauté. Pas aussi belle que Cersei, bien sûr, mais Marie-Antoinette n’en était pas loin. Blonde aux yeux bleus, fine et délicate, tout respirait la fraîcheur chez elle. Non, ce qui avait le plus marqué le jeune homme était le palais de Versailles en lui-même. Même Castral Roc, même le Donjon Rouge n’était pas aussi luxueux. L’endroit était gigantesque ! Ce qui l’avait impressionné le plus était la galerie des Glaces. Il avait cru que l’endroit n’était fait que de verre et d’or. Même lui, qui avait grandi dans le luxe et un confort matériel certain, s’était senti tout petit face au spectacle presque ostentatoire des reflets dorés donnés par le soleil tapant sur les décorations. Il soupçonnait Louis XIV d’être un brin mégalomane sur les bords. Même les jardins, pourtant si beaux, étaient assaillis par cette débauche de marbre et d’autres matériaux précieux. Cela en était presque écœurant.

– Tu peux montrer que tu es riche sans foutre ta richesse sous le nez des gens… Pensa-t-il

Il prenait en exemple pour son plaidoyer mental son oncle Tywin. Il était l’homme le plus riche de Westeros. Pourtant, sa mise était sobre. Oui, les tissus étaient riches. Mais là était la véritable distinction. Les gens devinaient sa richesse, ils n’étaient pas forcés de la regarder, comme nargués par un étalage immonde de richesses qu’ils ne pourraient jamais avoir.

L’échange entre les clans avait été conclu par les fiançailles de Myrcella avec le prince héritier de France, Louis-Joseph. L’enfant lui paraissait sympathique et lui rappelait un peu Tommen à la vérité. Si le mariage devait avoir lieu, il avait le sentiment que sa petite cousine serait heureuse. C’était le principal.

XXXXX

Enroulée dans ses draps, sentant la fraîcheur du linge doucement se réchauffer autour de ses jambes, Oscar se remémorait sa journée. Pour une raison qu’elle ignorait, le jeune écuyer vêtu de rouge ne quittait pas son esprit.

– Ce n’est qu’un gosse pourtant. Pensa-t-elle

Peut-être était-ce parce qu’il avait l’âge d’être son fils et que son arrivée en France correspondait à la date où elle n’avait pu l’avoir contre elle que quelques heures ? Mais ce qui l’intriguait encore plus était la manière dont son père avait regardé l’enfant. Comme si il le reconnaissait. Ce qui était impossible. Jamais un Lannister n’avait foulé le sol français avant l’arrivée des Baratheon pour les fiançailles du dauphin. Lui rappelait-il un cousin, un frère disparu ? Non, cela ne pouvait pas être cela. Sinon, pourquoi la présence de ce garçon aurait causé une étincelle d’irritation dans ses yeux ?

– N’y pense plus ou tu ne dormiras pas. Songea-t-elle avant de fermer les yeux pour forcer le sommeil à la visiter

Elle tomba dans un sommeil profond plus vite qu’elle ne l’aurait cru puis elle se retrouva dans cet état où le corps, l’âme et l’esprit sont tous au repos, dans ce moment où il n’y a rien, sauf ces ténèbres reposantes, où le temps suspend son vol avant que la lumière ne vienne percer le voile noir recouvrant les yeux du gisant.

Un petit garçon se tenait devant elle. Il avait sa toison d’or mais les émeraudes de son père pour regard. Ses petits bras potelés tendus vers elle, avec un sourire étincelant, il l’appela « Maman ». Elle le prenait, s’enivrait de cette odeur si caractéristique des enfants en bas-âge. Il se nichait contre elle et finissait par s’endormir, le pouce plongé dans sa bouche.

Puis l’enfant grandit.

Il ne devait pas avoir plus de six ans. Assis à une table, le bout de la langue sortant de la barrière de ses lèvres, la mine concentré et le nez retroussé, il s’exerçait à écrire son prénom. Non loin, André surveillait ses progrès et il y avait les livres avec lesquels il avait lui-même appris à lire. Mais s’il n’y avait aucun doute sur sa paternité, jamais il ne prononça le prénom de l’enfant.

Encore une poussée de croissance.

L’enfant n’était plus, il avait fait place à un adolescent. De nombreuses personnes disaient qu’il était le portrait craché d’Oscar au même âge. Grand-Mère le regardait, émue aux larmes, dans son uniforme de capitaine de la Garde Royale. Fier et digne mais toujours ce sourire si chaud hérité de son géniteur normand. Il descendit pour lui embrasser la joue avant qu’il ne lui dise une parole, toujours la même :

– Adieu Maman.

Puis il partait sans se retourner, laissant Oscar pleurante, ses genoux sur le marbre froid, criant son prénom, prénom qu’elle ne parvenait jamais à entendre, mais malgré ses suppliques, il la quitta, un rayon de lumière blanche entourant son être alors qu’il quittait la demeure qui l’avait vu naître.

C’était toujours à ce moment-là qu’Oscar se réveillait, un sentiment doux-amer dans le fond de la gorge. C’était déjà tant mais si peu à la fois ! Elle se leva, ouvrit les rideaux, respirant l’air frais du matin afin de donner un coup de fouet à ce sang ramolli.

– Aujourd’hui est un jour nouveau.

Elle se le répétait chaque matin depuis quinze ans.

XXXXX

– Aujourd’hui est un jour nouveau. Quelle blague ! Pesta mentalement Oscar alors qu’elle traversait les jardins de Versailles

Elle se retrouvait onze ans en arrière. Lors de ce fameux jour où Fersen avait offert une rose à Marie-Antoinette, encore dauphine. La même scène se rejouait sous ses yeux. Avec des acteurs westerosis à la place du suédois et de l’autrichienne.

La bâtarde du roi Robert se promenait en compagnie d’un des écuyers de son père. Lequel était-ce déjà ? Ces Lannister se ressemblaient tous et avaient des noms à coucher dehors ! Les deux semblaient être de bons amis, voire proches. Il le fallait. Aucun écuyer n’appellerait une fille de roi, même illégitime, par son prénom et jamais, au grand jamais, il ne la tutoierait ! Pourtant, Elora Waters ne semblait pas dérangée par le fait que Lancel Lannister lui disait « tu » et utilisait son prénom pour lui parler, sans aucun titre devant pour montrer sa déférence. Au contraire. Elle jouait le jeu. Il y avait un décalage étrange entre les décors et les personnages. Cela faisait décalé, voire étrange, de voir un jeune homme avec une cape moyenâgeuse rouge, vêtu de son plastron en cuir lamellaire brun, un bonnet protégeant l’arrière de son crâne, de la couleur de sa cape, tombant sur sa chevelure dorée. La tenue de Lady Waters était incontestablement étrangère mais semblait moins anachronique.

– Il est rare que tu sois libre les matinées. Dit-elle à son ami alors qu’ils marchaient sur les sentiers entre les parterres de fleurs
– Sa Majesté m’a fait comprendre qu’il n’avait pas besoin de mes services. Répondit-il
– Tu dois être soulagé.

Oscar remarqua qu’il regarda légèrement autour de lui, comme s’il craignait qu’on les entendisse. Un réflexe de Port-Réal sans doute. Un bon selon elle. Les cours royales étaient des nids de vipères.

– Je suis au service de mon roi. Finit-il par lâcher avec tact
– Et il a de la chance de t’avoir. Ajouta la jeune femme

La colonelle constata qu’une légère couleur rouge se répandit sur les joues du jeune homme.

– Un timide, voilà qui est charmant… Pensa-t-elle avec une pointe de sarcasme

Ils arrivèrent devant un parterre de roses. Louis XIV, au moment de faire faire ses jardins, avait voulu qu’un parterre de fleurs soit élaboré afin que les gens soient autorisés à en cueillir les plantes.

– Afin de cultiver les graines de l’amour. Avait-il dit, selon la légende

Elle vit Elora se baisser pour en prendre une toute simple, de couleur rouge. Elle manqua de se piquer, aussi son ami prit la relève et la cueillit pour elle.

– Merci ! Lui dit-elle avec un grand sourire

Le roi soleil avait vu juste. Les bourgeons des amours tendres et jeunes ne fleurissaient jamais mieux que devant ce carré de verdure.

XXXXX

– Es-tu sûr de toi, Kevan ?
– Un blason sur fond noir avec un lion bleu tenant un sabre. Je ne pense pas que l’on puisse en trouver énormément dans ce monde. Ce sont eux, j’en mettrais ma main à couper. Nous sommes sur sa terre natale.
– Où est-il ?
– Absent.
– Bien. Il est hors de question qu’il nous entende. Il est des nôtres et cela ne changera pas.

Tywin contempla l’exemplaire du livre des blasons de la noblesse française qu’il avait sous les yeux. Kevan avait raison. Il était sur sa terre natale et les Jarjayes semblaient être sa source. Quelle ironie. Mais pour en être certain, il fallait rencontrer le chef de la maison Jarjayes. Afin de ne pas commettre d’impair. Et surtout pour le tenir loin de lui. Il était des leurs, il était hors de question qu’il ne quitte le clan. Sinon, Rainier de Jarjayes allait les entendre rugir et il se souviendrait longtemps de ceci :

Il ne fallait jamais défier un Lannister de Castral Roc.

Il avait rayé la maison Reyne de la carte de Westeros. Faire de même avec les Jarjayes s’ils dépassaient les limites ne le dérangeait absolument pas. Il le ferait avant tout pour Kevan. Il n’avait pas d’affection particulière pour lui. Mais il aimait son frère. Et son frère était terriblement attaché à lui. Il n’en fallait pas plus pour le grand lion du Roc. Il termina sa missive, la scella et la confia à un de ses serviteurs.

– Donne ça à Rainier de Jarjayes. A personne d’autre. En main propre.

Moins de deux heures après, Tywin recevait la réponse du patriarche Jarjayes.

Le lion français allait rencontrer celui de l’ouest.

A Suivre

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!