Répondre à : Les chemins de l’amitié [finie]

LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Les chemins de l’amitié [finie] Répondre à : Les chemins de l’amitié [finie]

#960
Lénie
Modérateur
@lenie

Chapitre 5

 

Continuant à arpenter les routes du souvenir et les chemins de l’amitié, Oscar murmura avec une tendre nostalgie : «Et ce dîner* sur l’herbe…. »

 

Le printemps revenu, Oscar était curieuse de connaître ces fameux dîners sur l’herbe dont Grand-Mère lui avait parlés l’an passé.  Armés d’un panier garni de mille délices, ils avaient profité du fait que tous les enseignants d’Oscar avaient contracté le fort rhume dont souffrait la fillette deux semaines auparavant pour se promener à loisir sur les terres dépendant directement de Jarjayes.

 

Oscar avait découvert une forme de dîner sur l’herbe qui lui était tout à fait étrangère. Un temps décontenancée par le fait de devoir manger sans couvert, elle avait fini par trouver la chose fort divertissante. Et, pour une fois, sous les yeux ébahis d’André, elle avait fait honneur à tous les plats préparés par Grand-Mère. Le petit garçon en avait ri en lui disant que si elle continuait à s’empiffrer de la sorte, bientôt elle deviendrait si lente à l’épée que même un vieillard ignorant l’art de l’escrime parviendrait à la battre sans difficulté.

 

«C’est faux ! J’ai toute mon agilité ! » avait-elle rétorqué, avec une lueur de détermination frondeuse dans le regard. C’était exactement ce qu’attendrait André pour lui apprendre de nouveaux jeux…

 

«Ah oui ? Eh bien, c’est ce que nous allons voir ! » s’écria-t-il.

D’un bond, il se leva et fit la roue, puis il marcha sur les mains, avant d’effectuer un petit saut gracieux lui permettant de retomber sur ses pieds. Comme souvent lorsqu’il lui montrait de nouveaux jeux, Oscar le regarda, en penchant légèrement la tête sur le côté, affichant à son insu une adorable petite moue dubitative indiquant qu’elle se demandait si son ami avait toute sa tête.

 

« A toi !

– Décompose au moins des mouvements lentement que je puisse voir comment tu procèdes ».

 

André s’exécuta, renouvelant plusieurs fois ses explications. Puis, il lui lança : «Maintenant, c’est à ton tour ! Voyons ce que tu sais faire ! J’ai appris l’escrime et l’équitation, domaines où tu excelles. A toi de te mesurer à moi sur MON terrain !

-Prépare-toi à perdre ! Très vite, je serai meilleure que toi ! »

 

La fillette tenta tout d’abord d’effectuer une roue.

 

«Elle manque d’ampleur. Projette tes jambes plus haut » lui conseilla André.

 

Elle recommença plusieurs fois avant d’avouer : «André, mes chaussures glissent sur l’herbe.

-Je m’en doute, c’est pourquoi, j’ai retiré les miennes, ainsi que mes bas.

– Hors de question que je t’imite pour les bas ! Je me dois de conserver un certain maintien en toute circonstance !

-Fais comme bon te semble, mais je te préviens tes bas seront tâchés d’herbe ».

 

La fillette ne répondit pas, concentrant toute son attention et son énergie à effectuer une roue des plus réussies. Assis par terre, croquant dans une pèche, André applaudit, avant de lui jeter à la cantonade : « Joli ! Maintenant, il te reste l’autre figure».

 

Au début, Oscar ne cessa de chuter et de se relever, fièrement, ne voulant pas admettre de ne pas parvenir à effectuer quelque chose. Après de multiples chutes et rechutes, elle parvint à marcher sur les mains de façon à peu près satisfaisante. André la complimenta, sans lui avouer qu’il avait mis plus d’un mois avant d’y parvenir.

Alors que la fillette n’avait de cesse de recommencer ces exercices réjouissants, André se leva et se mit en courir en lui criant : «Suis-moi, je vais te montrer un autre jeu tout aussi amusant !».  Elle courut à sa suite. Ils gravirent une petite colline. Une fois parvenus au sommet, Oscar dit : «Oh, quelle vue magnifique ! Tu as vu ces fleurs jaunes au loin ! On croirait des champs d’or !».  Il s’était contenté de répondre : «Allez, viens ! Fais comme moi !», en se jetant à terre, puis en roulant sur lui-même le long de la pente de la colline. Elle l’imita, à ceci près qu’André avait pris la précaution d’enlever sa chemise blanche au préalable, ce à quoi Oscar s’était farouchement refusé.

Se roulant dans l’herbe, caressés par une douce brise et le soleil printanier, ils exultaient de joie. Une fois en bas de la colline, Oscar resta allongée un long moment, les bras en croix, savourant le bonheur de cette liberté en pleine nature. André s’allongea à ses côtés et ils jouèrent à donner des noms aux nuages qui avaient des formes amusantes.

 

Puis, à contre cœur, ils estimèrent qu’il était temps de rentrer. Au lieu d’emprunter le chemin qu’ils avaient suivi à l’aller, ils en prirent un autre. Ils cheminaient tranquillement lorsqu’ils aperçurent un petit pont de bois. Oscar suggéra : «Et si on grimpait sur le parapet au lieu de passer par le pont. Ce serait amusant !». Ils décidèrent donc de traverser le cours d’eau en équilibre sur le parapet. Grisés de bonheur, ils oublièrent le poids du panier, de sorte qu’au milieu de leur traversée d’apprentis équilibristes, André fut déstabilisé par ce qui lui occupait les bras et tomba à l’eau. Oscar  tenta de le rattraper et chut à son tour. Aucun des deux ne se blessa : par chance, la rivière était suffisamment profonde pour qu’ils ne se blessent pas tout en leur permettant d’avoir pieds. André se dirigea alors vers la rive,  posa son chargement et cria à Oscar : «Mouillés pour mouillés, autant en profiter !». Ils s’amusèrent donc à se jeter de l’eau au visage, nagèrent, se lancèrent des défis : rester le plus longtemps possible sous l’eau sans respirer, aller chercher une pierre particulière au fond de l’eau etc.…  Ils s’ébattirent dans la rivière, savourant le nectar de l’amitié partagée, sans penser aux conséquences.

 

Ce n’est qu’en regagnant la rive qu’ils prirent conscience de la couleur de la chemise et des bas d’Oscar : ils étaient totalement verts. L’herbe avait au préalable laissé des traces que l’eau avait diluées et répandues allègrement…

 

André ne peut retenir un : «Oh, j’ignorais ton fabuleux talent pour teindre les chemises et les bas. Qui sait, cela te servira peut-être en tant que militaire ?» rigolard. Oscar répliqua en le poussant à l’eau. Il l’entraina dans sa chute et ils chahutèrent amicalement. Entre deux éclats de rires, on pouvait entendre un « prend ça ! » auquel répondait un « et toi ça ! ». Puis, à bout de force, ils mirent fin à leur ablutions chamailleuses et rigolardes et se décidèrent à rentrer, un peu craintifs de l’accueil qui leur serait fait.

 

Cheminant vers Jarjayes, Oscar éternua plusieurs fois, ce qui acheva d’inquiéter André : elle sortait d’un mauvais rhume, il craignait une rechute. Entre les éternuements de la petite fille et la teinture de sa chemise et de ses bas, André éprouvait quelques craintes, d’autant plus que tous deux étaient presque plus mouillés que la rivière elle-même… Aussi, lorsqu’ils s’apprêtaient à pénétrer dans la demeure, André suggéra de passer par l’entrée des domestiques, afin de passer le plus inaperçus possibles.

 

« Hors de question que j’emprunte l’entrée des serviteurs ! Je ne suis pas une domestique !

– Tu préfères sans doute rencontrer ton père dans cette tenue….

– Bon, c’est d’accord » dit-elle à contre cœur.

 

Alors qu’André s’apprêtait à la charrier, elle lui lança un : «Arrête de te moquer de moi ! J’ignorais que l’herbe tachait à ce point ! Grand-Mère va être furieu…. Atchouuuuuuuuuuuuuuuum !!!!!

– Oscar, serais-tu souffrante ?

– Bien sur que nous je me porte comme un …. Atchoum !  …. Char …. Atchouuuuuum !!!!! … charme !

-Hum…. C’est ce que je vois…. ».

 

Ils parvinrent aux cuisines sans attirer l’attention. Lorsque Grand-Mère les aperçut dégoulinants, elle leva les mains au-dessus de la tête en scandant : «Mais qu’ais-je fait au bon Dieu pour mériter deux chenapans pareils ?!  Qu’ont-ils encore inventé pour…. »

Oscar ne put contenir un tonitruant éternuement qui interrompit le sermon que s’apprêter à leur faire Grand-Mère chez qui la colère céda immédiatement le pas à l’inquiétude : «Ma petite Oscar, serais-tu à nouveau malade ?

-Bas le boins de bonde Grand-Bère

-Hm… C’est ce que j’entends ».

 

Ils en étaient là lorsque le général entra en cuisine pour avertir Grand-Mère que le duc de Broglie se joindrait à eux pour le souper. Avant qu’il n’ordonne de préparer trois couverts, les sœurs d’Oscar et la comtesse avaient préféré fuir le rhume de la fillette pour  l’air de leurs terres de Normandie, Oscar et André se cachèrent dans le bas du buffet. Alors que le général était en train de faire ses dernières recommandations à Grand-Mère, un «atchouuuuuum ! » étouffé se fit entendre.

 

«Mais quel est ce bruit, Grand-Mère ?

– Je n’ai rien entendu, Général.

-C’est curieux, je jurerais…. »

 

«Atchouuuuuuuuuuum !!!!! »

 

« Ah, cette fois, tu l’as entendu comme moi ! Tu ne peux pas prétendre que j’ai rêvé !

– Non, Général. Il s’agit sans doute de cette maudite souris….

– Pierre n’a-t-il pas fait le nécessaire ?

-Il fait son possible, Général, mais cette souris est une fieffée rusée !

-Hmm…. Je compte donc sur toi pour préparer un souper des plus fins.

– Bien, Géné… »

 

«Atchouuuuuum !!!!! »

 

«Maudit rongeur ! » s’écria Grand-Mère pour faire diversion, sachant très bien, pour l’avoir élever, que le général avait une sainte horreur des souris, des lézards et des grenouilles. Il ne s’attarda donc pas.

 

A Suivre…..

*******************************

* Au XVIIIème, le dîner était le déjeuner, et le souper notre dîner. Je l’ai appris récemment^^ (enfin… il y a 11 ans maintenant :D )