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Marina de Girodelle
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Le Lys et le Coquelicot

Chapitre 7: Rosalie de Fersen

 

Depuis le jour où leurs coeurs avaient enfin pu s’exprimer, Rosalie et Axel ne se cachaient plus.

Le gentilhomme emmenait souvent la jeune femme à la cour, pour lui faire visiter les jardins, ils s’asseyaient sur les bancs froids où ils discutaient de tout et de rien, ne se privant pas de quelques gestes tendres. Rosalie aimait lui lire quelques vers, qu’il écoutait avec attention, puis il lui baisait la main. Ils marchaient le long des canaux, profitaient de l’orangerie, ils écoutaient les concerts des violonistes, des harpistes, les lectures de romans, ils assistaient aux repas champêtres où très souvent, les gens étaient témoins du regard caressant de l’un envers l’autre.

– Il ne saurait y avoir de couple mieux assorti ! Avait déclaré un noble, qui fut approuvé par ses pairs

Les entrées et relations de son chevalier de cœur avaient permis à Rosalie de côtoyer des salons. Elle s’y sentait un peu mal à l’aise, ayant toujours peur de faire mauvaise impression, de dire un mauvais mot, qui la ridiculiserait et, à son plus grand dam, ridiculiserait Axel. Pourtant, elle fut réclamée à corps et à cris par les hôtes de ces cercles, appréciée pour sa gentillesse, son mot agréable pour chacun, sa patience et sa douceur.

Cela eut pour effet de faire taire les rumeurs d’adultère au sujet de la reine. Fersen ne pouvait pas être l’amant de la reine, puisqu’il couvrait la jeune protégée d’Oscar et Oscar, si fière, si droite, ne laisserait jamais une telle chose se faire si l’homme était une mauvaise fréquentation. De plus, jamais il n’aurait osé s’afficher au bras d’une charmante créature, dans la propre maison de la reine, s’il en était l’amant. Mais Axel et Rosalie étaient discrets. Ils faisaient en sorte que Marie-Antoinette ne les vît pas. Elle leur avait certes donné sa bénédiction, cependant ils ne voulaient pas la blesser davantage. C’était là une chose qui unissait le couple, qui le soudait encore plus :

Axel savait qu’il ne pourrait jamais effacer la reine de son cœur, et Rosalie le savait.

Rosalie savait qu’elle ne pourrait jamais effacer Oscar de son cœur, et Axel le savait.

Pour autant, ils savaient tous deux que leur amour était vrai. Ils se comprenaient, sans jugement, et leur lien apaisait les douleurs qu’ils éprouvaient avec cet amour impossible envers ces êtres inaccessibles. Peu leur importait qu’ils ne soient pas la personne exclusive dans le cœur de l’autre. Ils se savaient aimés de l’autre, ils savaient leur place dans le cœur de l’autre. Leur amour était aussi vrai que celui d’un couple où l’autre occupait tout le cœur de son compagnon.

Apaisée par l’amour d’Axel, Rosalie avait trouvé la force de pardonner à Madame de Polignac. Lors d’une de ses visites sur la tombe de Charlotte, l’aristocrate l’avait rejointe et elle lui avait alors tout expliqué : son père, sa naissance, Nicole… Et sa peine de l’avoir tuée. De ne pas l’avoir reconnue. Car si elle avait reconnu ses traits, elle serait descendue, elle aurait été là. Et dans ses yeux criait sa sincérité. Rosalie avait même défendu celle qu’elle avait voulu tuer jadis ! Des commères continuaient à parler dans le dos de la duchesse, prétendant que la mort de Charlotte était de sa faute, et cela, la jeune femme ne pouvait pas leur donner totalement tort. Mais si elle avait appris quelque chose, c’était que, quand le mal était fait avec de mauvaises intentions, il fallait le combattre. Mais quand il était fait avec de bonnes intentions, il fallait pardonner. Sa mère biologique n’avait pensé qu’à l’amélioration de la condition de Charlotte. Du clan Polignac par extension, certes. Cependant, elle pouvait comprendre, le mariage, sur le papier, était un beau mariage pour sa fille.

– Vous pouvez blâmer la maladresse de la duchesse envers sa fille mais vous ne pouvez pas blâmer la mère qui souhaitait, avant toute chose, assurer l’avenir de sa fille ! Vous en auriez fait de même !

 

Les femmes s’étaient alors tues et avaient baissé le regard, honteuses.

– Je ne saurais jamais vous appeler « Mère » mais nous avons Charlotte en commun. Devenons de bonnes connaissances, pour le repos de son âme. Avait expliqué la jeune femme face à la noble reconnaissante.

 

XXXXX

Le soir était tombé sur le domaine des Jarjayes. Axel avait été invité à dîner par Oscar. La colonelle, son ami d’enfance, le suédois et Rosalie étaient confortablement installés dans des fauteuils aux dossiers en velours rouge, au coin du feu, crépitant dans l’âtre, partageant ensemble un verre de vin.

– Oscar, je dois me confesser, je n’ai pas été totalement honnête avec vous. Avoua Axel

La blonde lui accorda alors toute son attention.

– Lorsque vous m’avez demandé ce qui m’avait poussé à revenir en France, je vous avais répondu que votre pays me manquait. C’était en partie vrai. Mais la vérité est toute autre. Mon père souhaite que je prenne une épouse, afin de lui donner des petits-enfants à aimer et à chérir.

Ne troublait alors le silence que le feu dans la cheminée.

– Pourquoi la France, Fersen ? Demanda Oscar
– Mon père a toujours aimé la France, et moi aussi. Accueillir en notre famille une ressortissante française serait pour nous une joie et un honneur.

Rosalie porta, le plus tranquillement possible, son verre à ses lèvres. Le mariage d’Axel était toujours un sujet très sensible pour elle.

– Vous devez vous douter, chère Oscar, que mon choix est fait.

Elle avala une gorgée, le feu de l’alcool réchauffant sa gorge, anesthésiant l’espace d’une seconde ses sens.

– Avec votre permission, je souhaiterais épouser Rosalie.

Sa poigne se serra alors brusquement sur le verre de cristal. Elle avait été choisie. C’était elle qu’Axel choisissait. Elle. La bâtarde adultérine d’un duc de descendance royale et de la fille d’un nobliau qui allait devenir la favorite d’une reine.

– Ah, mais moi, mon cher Fersen, je vous accorde sa main bien volontiers, à condition qu’elle soit d’accord ! Répliqua Oscar joyeuse

Il se leva, se mit à genou devant elle et lui prit la main.

– Ma très chère Rosalie, me feriez-vous le grand plaisir ainsi que le grand privilège que d’être appelé votre époux ?

Elle eut un sourire tendre.

– Quelle est ma réponse, selon vous ?

Il baisa ses doigts.

 

XXXXX

Le mariage eut lieu dans la chapelle de Versailles, sur insistance de Marie-Antoinette. Si Axel payait la plus grande majorité de la noce, la reine et son mari avaient insisté, ils voulaient contribuer à la fête, en leur accordant le privilège de se marier dans leur église ainsi que de fêter la noce après au Petit Trianon.

– C’est bien peu, comparé à ce que vous avez fait pour nous en Amérique. S’excusa Louis XVI
– Votre Majesté nous fait un cadeau merveilleux. Avait répondu le futur marié

Marie-Antoinette semblait rayonner de bonheur. Certes, son cœur se serrait un peu à l’idée qu’elle ne serait jamais Madame de Fersen dans cette vie, mais la joie de voir Axel souriant et surtout sincèrement aimé, dans un amour réalisable, effaçait bien vite cette peine.

Madame de Polignac avait envoyé à Rosalie une ancienne broche, expliquant dans sa lettre que c’était une broche qui lui avait été offerte par le duc de Saint-Rémi, son géniteur. Sa surprise fut grande quand elle vit Rosalie la porter lors d’un des jours les plus importants de sa vie.

Quelques jours après, Rosalie embrassait, les larmes aux yeux, la famille de Jarjayes avant de monter dans sa calèche.

Madame de Fersen partait tenir son rang en Suède.

A Suivre

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!