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LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Jarjayes! (fini) Répondre à : Jarjayes! (fini)

#840
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

Jarjayes!  
Chapitre 2: Adieu ma jeunesse 

Les trois jours qui avaient séparé la mort du Général de son enterrement, Oscar ne les avait pas vécus. Elle les avait traversés. Tout lui paraissait si irréel! Son père mort, ses gens qui l’appelaient « Monsieur le Comte », ses nouvelles charges et ses nouveaux devoirs… La femme soldat avait l’impression de cauchemarder mais gardait l’espoir de se réveiller un jour. Mais voir les spécialistes s’affairer pour l’inhumation de son géniteur lui faisait se souvenir de la cruelle réalité.

Son père était mort.

De rage, elle frappait dans les murs. Et s’ajoutait à sa peine la frustration. L’assassin de son père n’avait pas été retrouvé. Elle n’avait qu’une envie, l’avoir à ses pieds pour être à la fois juge et bourreau, exécuter la sentence et rendre Justice elle-même.

– Cela irait à l’encontre des convictions de ton père, Oscar. Il a toujours crû en l’ordre et en la justice du roi. Je sais que tu penses bien faire. Mais cela ne serait ni lui rendre honneur ni lui rendre Justice. Cela serait s’abaisser au niveau de celui qui a brandi son poignard contre lui. Lui disait André

Dans sa colère, elle avait envie de lui rétorquer en hurlant :

– Qu’en sais-tu, toi ?! Etais-tu la chair de sa chair ?! N’as-tu pas eu un jour envie de vengeance, même contre ce feu qui a consumé ta propre mère ?! Non, bien sur que non, tu es trop lisse et trop droit pour t’abaisser à ça !

Ces mots, elle ne les prononça jamais. Parce qu’elle les savait cruels. Parce qu’elle les savait injustes. Parce qu’au fond d’elle, elle savait qu’André avait raison. Et le fait qu’il la contredisait était une des preuves de son amour. Il ne voulait pas qu’elle vive en aveugle, lui qui était borgne, qui avait évité de peu la cécité grâce au Docteur Lassonne quand Rainier de Jarjayes avait remarqué les problèmes de vue grandissants de l’écuyer.  André n’avait aucune raison que de souiller sa mémoire, il lui devait tout, toit, éducation et santé. Rainier de Jarjayes avait été extrêmement généreux avec un garçon de sa condition. Il avait été patient et ne l’avait jamais trop sévèrement grondé les premiers temps où il vivait au château.

– Cela ne doit pas être facile pour lui, entre son deuil et le changement radical de décor, de style de vie. Laissez-lui le temps de s’acclimater. Ne cessait-il de répéter à Grand-Mère qui préparait inlassablement sa louche de la punition.

Le roi et la reine eux-même avaient envoyé un mot de condoléances et au château de Versailles, on avait tiré une dizaine de coups de canon en l’honneur du défunt. Revêtant ses habits noirs, la jeune femme descendit pour se rendre vers la crypte familiale, là où son père serait inhumé, aux côtés de sa mère. Girodelle l’attendait en bas de l’escalier. Lui aussi, tout comme le roi, la reine, Fersen, avait été parmi les premiers à avoir envoyé des mots de condoléances. Il avait même été jusqu’à interrompre ses vacances pour venir assister aux funérailles.

– Comment vous remercier, Girodelle ?
– Aucun merci n’est nécessaire, je suis votre ami. Et les amis se doivent d’être là lors des coups durs. Et je crois que vos hommes l’ont compris.

Oscar ne comprit pas. L’aristocrate la mena alors dehors, où sous un soleil radieux, ses subordonnés de la Garde Française s’étaient réunis, tous vêtus de noir, semblables à des corbeaux. Ils étaient tous là.

– Messieurs…
– Ne gaspillez pas votre salive, Commandant. Nous sommes là, c’est notre devoir. La coupa Alain avec ses manières brusques

Cela n’empêcha pas Oscar de sourire pour autant.

– Le devoir n’empêche ni la reconnaissance ni la politesse, Alain. Messieurs, vous me voyez extrêmement touchée par votre présence. Je ne saurais jamais assez vous remercier.

Ils se rendirent tous vers le caveau ouvert et la cérémonie commença. Elle parut interminable et pénible pour Oscar. Son regard se portait toujours vers ce cercueil en bois et elle ne pouvait s’empêcher de penser au corps froid et raide de son père. Cependant, elle ne versa aucune larme. Elle devait lui faire honneur, une dernière fois, et cette dernière fois devait être parfaite. Au moment où l’on descendit le cercueil dans le trou, Oscar tira son épée pour saluer le défunt. André, Girodelle et Fersen en firent de même. Les hommes d’Oscar prirent leurs fusils, se mirent en joue.

– En l’honneur du Général Rainier de Jarjayes !

Trois coups furent tirés. Les sœurs d’Oscar, ses neveux et ses nièces lancèrent quelques fleurs avant de se retirer. De la terre fut alors jetée. Oscar resta impassible, observant le cercueil jusqu’à ce qu’on n’en aperçoive plus le bois.

C’était fini.

Elle était officiellement le Comte de Jarjayes.

 

 

 

 

XXXXX 

Dans le grand salon, le notaire se tenait face à Oscar, André, la famille de Jarjayes. Pour tous, cela ne semblait être qu’une formalité. Il était connu depuis longtemps qu’Oscar était l’héritière de son père. L’homme ouvrit la lettre et commença à la lire. L’évidence fut confirmée. Les sœurs d’Oscar reçurent chacune une somme d’argent, la même pour toutes. Une somme, égale entre tous les petits-enfants, était prévue pour leur majorité. Même Grand-Mère eut droit à une somme, ce qui ne manqua pas de la faire pleurer.

– Monsieur était trop bon, je n’ai fait que mon devoir de domestique, je ne mérite pas autant !

– Tu nous as tous élevés comme tes propres enfants, tu nous as aimés comme tels, et Père le savait. Tu mérites cet argent. La rassura Hortense

Le notaire se râcla la gorge.

– Il reste une chose, concernant Monsieur André Grandier. Annonça-t-il

L’attention du clan se reporta sur l’homme de loi, qui reprit sa lecture.

 

Si par malheur il devait arriver quelque chose à Oscar, ou qu’elle ne jouisse d’aucune descendance à sa mort, il est de ma volonté, et j’exige qu’elle soit respectée à la lettre, qu’André Grandier devienne le nouveau Comte de Jarjayes. Je l’autorise également à prendre mon nom ou à l’ajouter à son patronyme.

Un lourd et pesant silence s’abattit alors sur l’assemblée. André crut d’abord rêver. Puis après s’être mordu discrètement un coin de la joue, éprouvant alors de la douleur, il comprit que le Général Rainier de Jarjayes venait de l’élever du rang de palefrenier à celui d’ héritier, et ce, devant ses filles, ses gendres, ses petits-enfants.

– C’est une plaisanterie ?! Un roturier à la tête du comté de Jarjayes ! S’emporta l’un des gendres.

– Il suffit, Antoine ! Il s’agit de la volonté de Père et elle sera respectée ! André fait partie des nôtres ! Le sang n’est pas ce qui fait la noblesse ! Le réprimanda Joséphine, sa femme.

Oscar fixait André, tout aussi sous le choc que lui. Certes, elle n’ignorait pas l’affection sincère que son père portait à André, le voir ainsi élevé la rendait heureuse pour lui, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander la raison qui avait poussé le soldat à coucher le nom du jeune homme sur son testament.

Une fois tout le monde parti, Grand-Mère demanda de manière très solennelle une audience avec son nouveau maître.

– Allons, Grand-Mère ! Ne sois pas si formelle ! Je reste ta petite Oscar avant tout !

– Je dois te parler. André doit être présent. Ton père avait un secret concernant ce testament, Oscar. Il m’avait fait promettre de ne le révéler qu’à lui et à toi une fois qu’il serait mort. Il a ajouté que vous seriez ensuite libres de diffuser ou non le contenu de ce secret.

Une servante alla quérir André. Elle referma la porte derrière elle, laissant le trio dans l’attente de la délivrance.

 

A Suivre 
 

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!