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LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Jarjayes! (fini) Répondre à : Jarjayes! (fini)

#839
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

 
Jarjayes! 

 
Chapitre 1: Un Soleil se couche, un autre se lève 

 

 

 

– Hue! Plus vite! Tonna une voix féminine

Le pur sang arabe entama alors un triple galop, sa cavalière tenant fermement les rênes. Sa longue chevelure blonde était battue par le vent alors que son esprit était battu par de sombres pensées. Il fallait absolument qu’elle arrive à temps! Elle entendait encore le messager lui annoncer que son père avait été agressé dans son carrosse par un homme masqué, qui avait pris la fuite. Il avait été blessé.

– Seigneur, par pitié, ne me rendez pas orpheline si tôt!

Le Général de Jarjayes avait été un père dur mais un père juste. Oscar l’avait toujours aimé et respecté par que ses sentiments d’admiration et de tendresse étaient réciproques. Son père avait fait de son mieux après la mort de sa mère, qui avait donné sa vie pour qu’elle, Oscar François de Jarjayes, vive. Son père l’avait élevée en homme, en soldat, en héritier du comté de Jarjayes, afin que le sacrifice de Marguerite-Emilie ne fut pas vain.

– Est-ce de ma faute si Mère est morte? M’en voulez-vous beaucoup? Lui avait-elle demandé quand elle avait six ans

L’homme, le regard triste, mais le sourire tendre, l’avait prise sur ses genoux et lui avait assuré que non, sa mère n’était pas morte par sa faute. Sa mère était morte en accomplissant le devoir de toutes les mères: protéger son enfant. Et le protégé n’était jamais la cause du décès. Quant à lui, il ne pouvait pas haïr sa propre chair, son propre sang.

Le domaine des Jarayes apparaissait au fur et à mesure qu’elle s’approchait. Toujours aussi droit, toujours aussi immaculé. A peine passa-t-elle le portail qu’elle descendit de cheval et courut aussi vite que possible vers la chambre paternelle.

– Oscar! S’était écriée Grand-Mère

Haletante, elle s’approcha du lit. André posa une main délicate mais ferme sur son épaule. Elle comprit qu’il voulait la protéger d’une telle vision. Il avait toujours été très prévenant à son égard, et c’était peut-être cette douceur qui l’avait charmée. Elle qui vivait une existence rude, il apportait un peu de confort non négligeable. En temps normal, elle aurait accepté. Mais là, il s’agissait d’un moment bien trop important. Elle croisa son regard, celui des médecins. Les mines déconfites lui firent comprendre que tout était fini ou presque.

– Oscar… Mon enfant…

La voix de son père était si faible! La jeune femme s’approcha et le voyant ainsi, plein de bandages, incapable de se tenir assis, une bassine avoisinante rouge de son sang, elle sentit les larmes lui piquer les yeux. Elle s’assit à ses côtés et lui prit tendrement la main.

– Je suis là, Père. Tout ira bien. Vous irez mieux sous peu.

Rainier de Jarjayes la fixa de ses yeux bleus.

– Non Oscar. Je vais vous quitter, je le sens. Croyez bien… Que cela me navre que de vous abandonner si tôt… Mais votre mère m’appelle… Je ne puis la laisser seule trop longtemps…

Face aux larmes qui coulaient librement sur les joues de son enfant, il eut un petit sourire.

– Vous m’avez toujours rendu si fier, Oscar… Alors que je vous ai imposé un destin pavé de souffrances… J’ai été égoïste…
– Je suis heureuse du destin que vous m’avez offert…

L’homme serra un peu plus la main de sa fille.

– Vous avoir pour enfant a été le plus grand des honneurs. Restez fidèle à vous-même, c’est ainsi que vous êtes la plus digne des Jarjayes. André…

Le jeune homme s’approcha du lit de mort.

– Monseigneur?
– Merci que de prendre soin d’Oscar comme tu le fais, mon garçon… C’est un soulagement que de la savoir entre de bonnes mains… André… Sache que… Tu es un fils pour moi… Tu es un Jarjayes, même si tu n’en portes pas le nom… Je t’ai aimé comme tel…

André ne répondit pas mais à travers sa vision brouillée, Rainier constatait que ses mots l’avait touché.

– Je te confie Oscar… Restez soudés, unis… Et si vous en avez la force…

Un sanglot avait alors étreint sa voix.

– Si vous le pouvez… Pardonnez-moi…

Le duo ne comprit pas et ne remarqua pas que Grand-Mère semblait alors soucieuse. Le regard du Général se perdit au loin et un léger sourire fleurit alors sur ses lèvres.

– Marguerite… Murmura-t-il dans un souffle

Ses yeux devinrent alors aveugles et son visage se figea à jamais dans cette expression de soulagement, un sourire gravé sur ses lèvres. Toute la force qu’il possédait s’évapora dans le néant et sa main glissa de celle de son enfant.

– Père?

Un médecin posa son oreille contre son torse et tenta de capturer le moindre souffle sur un miroir de poche. Oscar comprit alors qu’elle était orpheline et quand on ferma les yeux de son père, elle éclata en sanglots, serrant toujours la main de celui qui l’avait élevée. Oubliant toute convenance, elle laissa même s’échapper un “Papa” à travers ses lèvres tremblantes. André la serrait contre lui mais elle ne le sentait pas. On venait de lui arracher une partie d’elle avec la plus grande violence, la plaie saignait, la douleur intense et indicible. Oscar était alors devenu le comte de Jarjayes.

Si rejeter son titre aurait pu lui ramener ce père tant aimé, elle l’aurait alors jeté sans aucun regret.

 

A Suivre 

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!