Répondre à : En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini]

LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini] Répondre à : En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini]

#826
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

Note de l’auteur:  Sachez que la recette que j’écris ci-dessous existe vraiment! Il s’agit d’une recette de l’époque victorienne et est préparée sur la chaîne de English Heritage (Youtube, vous tapez English Heritage Marbled Eggs) comme lors de cette ère! J’ai pensé que ça restait plus ou moins proche des techniques de l’époque d’Oscar. On peut donc dire que pour cet OS, j’ai majoritairement fait de la traduction de l’anglais au français, en adaptant au cadre de LO, avec une tentative de justification pour le fait qu’Oscar les cuisine. C’est d’ailleurs mon OS préféré du lot.

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Sujet 4: Grand-Mère trouve un moyen de faire chanter Oscar afin que celle-ci prépare des oeufs de Pâques à André.

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En attendant les cloches

Les œufs marbrés

 

– Je peux savoir pourquoi je devrais préparer des œufs à André ? Demanda Oscar

Oscar adorait Grand-Mère. Mais elle ne comprenait pas la nouvelle fantaisie de sa nourrice : Préparer des œufs de Pâques pour André. Bien sûr, il y avait l’idée de faire plaisir à son ami d’enfance, elle le comprenait aisément. Surtout qu’il était cloué au lit avec la grippe ! Cependant, l’expression de la vieille dame sous-entendait qu’elle avait une dette envers celui-ci. Pourtant, Oscar se savait libre de tout engagement.

– Parce que je te le demande. Tempêta-t-elle
– Grand-Mère, je ne te comprends pas. Jadis, quand je venais aux cuisines, tu me disais que ce n’était pas ma place, que j’étais une noble et aujourd’hui, tu veux que je prenne ta place ?

Elle ajusta ses lunettes.

– Je te rappelle qu’André, un jour de Pâques, a fait tout Paris pour te trouver ta pâtisserie préférée alors que tu étais alitée et fiévreuse !
– J’avais douze ans et Père l’a accompagné ! D’ailleurs, que dirait Père ?

Oscar en avait désormais vingt-six. Elle n’avait pas oublié cette histoire, André sous la pluie, le matin de Pâques, tentant de trouver un boulanger qui aurait encore un petit nid de Pâques. Il était revenu trempé mais souriant, fier de son aventure et de son succès : la faire sourire.

– Il n’en saura rien, puisque tes parents sont à Arras, je te rappelle.

Elle soupira.

– Soit. Céda-t-elle.

Le visage de la vieille dame s’illumina.

– Parfait ! Lave tes mains, enfile ce tablier, attache tes cheveux et rejoins-moi !

Elle obéit. Oui, Grand-Mère avait raison, c’était une vieille histoire, elle avait bien prouvé son amitié à André par la suite et ce, de nombreuses fois, mais un bonus était mérité. Surtout si elle se donnait la peine de faire les œufs elle-même. Sur la table de la cuisine, un panier d’oeufs frais.

– Bien ! Commença Grand-Mère.Nous allons préparer pour André des œufs marbrés ! Tu vas voir, c’est très simple ! D’abord, tu vas me verser dans un pichet environ six cent millilitres de crème épaisse !

 

Oscar s’appliqua. Elle ne put s’empêcher de tirer un peu la langue sur le côté alors qu’elle se concentrait pour atteindre le nombre requis. Six cents millilitres, pas un de plus ou de moins !

– Merci ! Maintenant sors sept feuilles de gélatine, une plaque de chocolat et dans un récipient, verse deux cuillères à café de sucre ! Tu feras tremper la gélatine dans un peu d’eau. Poursuivit-elle

Deux minutes plus tard, Oscar était prête pour la suite.

– Casse le chocolat et dans un récipient, mets l’équivalent de deux cuillères à café.
– Par Saint Georges, il est dur comme la pierre, ton chocolat ! Pesta Oscar alors que la plaque lui résistait entre les mains.
– Il a été conservé au frais longtemps, c’est vrai. Tu n’as pas besoin de faire des morceaux réguliers puisqu’on va le piler puis le faire fondre. Et ne t’avise pas d’en manger en cachette, je te connais, ma petite Oscar !

La jeune femme sourit. C’était assez plaisant, ce moment avec Grand-Mère, dans le fond. Et cela lui permettait de voir comment travaillaient les cuisiniers à Jarjayes, celui lui permettrait de mieux apprécier leurs efforts et leur labeur.

– Maintenant, dans un petit récipient, une cuillère à café d’extrait de vanille.
– Ca sent divinement bon !
– Ah oui, je le sais, on en boirait directement au pichet ! Marianne nous a préparé un bol avec de la glace.
– Sommes-nous prêtes ?
– En effet ! Viens !

Elles s’approchèrent des feux.

– Fais chauffer la crème mais fais attention à ce qu’elle ne bouillonne pas ! N’hésite pas à remuer !

Quelques minutes après, la crème fut à la température voulue. Oscar ajouta alors le sucre.

– Fais le bien fondre… Voilà ! Maintenant, on ajoute la gélatine ! Comme pour le sucre, touille jusqu’à ce que tout soit bien fondu !

Cinq minutes après, car Oscar voulait s’assurer que tout fusse parfait, Grand-Mère apporta un bol et lui demanda, en faisant attention de ne pas se brûler, d’y verser une moitié de la crème à laquelle elles allaient ajouter la vanille, puis remuer pour bien incorporer le tout. L’autre moitié de la crème, restée dans la casserole, toujours sur le feu, allait recevoir le chocolat. Une fois les crèmes parfumées prêtes, Oscar les mit de côté, à température ambiante, pour qu’elles refroidissent. Elle se lava à nouveau les mains puis elle se dirigea vers la table où Sibylle, l’une des aides de cuisines, avait déposé des bols.

– Regarde bien ma petite Oscar !

Grand-Mère prit un œuf et avec une aiguille aseptisée, avec une minutie de chirurgien et une délicatesse infinie, elle perça un petit trou sur le dessus de l’oeuf, puis sur le dessous. Elle la passa dans l’oeuf et fit un mouvement circulaire, assez léger pour ne pas briser la coquille mais assez ferme pour battre le blanc et le jaune. Elle porta le tout à sa bouche et souffla, ce qui vida l’oeuf complètement. Oscar ne put s’empêcher de rire.

– Ne ris pas ! C’est ton tour ! Doucement, sans brutalité !
– Je vais faire ça ?!
– Mais bien sûr ! Tu es plus jeune que moi, ton souffle est meilleur.

Si elle obéit, en elle, la jeune femme pestait, ses doigts, au fur et à mesure de l’opération, se retrouvaient poisseux avec le blanc des œufs, les rendant collants. Ce n’était pas agréable. Sibylle apporta le bol de glace et prit celui avec les œufs battus, prête à en faire une omelette sur les ordres de Grand-Mère. Il était hors de question de gâcher. Elle plaça un torchon sur la glace.

– Avant toute chose, on va agrandir légèrement le trou du dessus des œufs. Déclara-t-elle. Il fait que le bout d’une douille puisse entrer. C’est comme ça que l’on va remplir les coquilles et créer nos œufs. Allons, ne tremble pas ainsi ! Tu sais manier une épée et tu as peur avec un objet si petit ?
– Je n’ai pas peur, je suis concentrée ! Répliqua Oscar. Je ne veux pas faire de bêtises. Comment va-t-on empêcher la préparation de couler par l’autre trou ?
– On va les recouvrir d’une légère couche d’eau mélangée à de la farine.

Quand tout fut enfin prêt, elles déposèrent les œufs sur le torchon. Avec la douille, Oscar versa dans les œufs deux cuillerées de la crème vanillée avant de faire de même avec celle au chocolat, le tout avec douceur, car les coquilles étaient très fragiles.

– On va les laisser reposer sur la glace une dizaine de minutes. Dit Grand-Mère. Si ce n’est pas encore tout à fait figé, on les laissera cinq minutes de plus mais il ne faut pas que cela se congèle, sinon, la gélatine ne fonctionnera pas.

Quinze minutes plus tard, ils étaient prêts. Des bols d’eau près d’elles, les deux femmes commencèrent à peler la coquille, toujours avec la plus grande attention. Oscar devait admettre que c’était à la fois drôle et plaisant. Elle ressentait aussi une certaine fierté à l’idée qu’elle avait préparé cela elle-même. Avec de l’aide, certes. Mais c’étaient ses mains qui avaient crée cette idée très simple mais aussi très originale. Elle espérait juste qu’André aimerait.

– Ils sont très réussis ! Complimenta Grand-Mère. Je suis fière de toi !
– Oh oui ! Renchérit Sibylle. Ils sont très beaux, Mademoiselle Oscar ! Quand Grand-Mère m’a appris à les faire, mes premiers n’étaient pas aussi jolis !

On plaça les œufs sur un plateau. Oscar et Grand-Mère montèrent voir André, qui se sentait un peu mieux, sa fièvre semblait tomber avec le temps.

– Une petite douceur des cuisines ! Lança Grand-Mère
– Oh, tes fameux œufs marbrés ! Se réjouit le malade ! C’est gentil, merci Grand-Mère ! Sers-toi ! Toi aussi Oscar !

Le sourire du jeune homme après les avoir goûté rassura Oscar. Elle les avait réussis.

– Ils sont délicieux ! Dit-il
– Et c’est Oscar qui les a fait pour toi ! Ajouta la vieille dame

Il la regarda, stupéfait.

– C’est bien vrai ? Tu as préparé ces œufs, Oscar ?
– Je n’ai fait que suivre les ordres de Grand-Mère.
– Ne sois pas si modeste ! Ils sont parfaits ! Merci Oscar !

Elle sourit, se promettant que, lors de la prochaine absence de ses parents, elle retournerait en cuisine, apprendre à préparer des douceurs avec Grand-Mère, André servant de goûteur.

Cela serait leur petit secret.

FIN

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!