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LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Le lys et le coquelicot [Fini] Répondre à : Le lys et le coquelicot [Fini]

#884
Marina de Girodelle
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Le Lys et le Coquelicot

Epilogue

Suède, 18 juillet 1789.

Rosalie, le tissu de sa robe rouge tendue par son ventre rond, observait ses trois enfants s’occuper paisiblement dans leur salon. La jeune femme s’était parfaitement habituée à la vie suédoise, sa belle-famille ayant été très chaleureuse à son égard, son beau-père la considérant comme sa propre fille. Ses belles-soeurs l’inondaient de lettres aimantes et sincères. Assise sur un divan, une de ses lettres ouvertes sur le guéridon, la future mère profitait de ses moments intimes qu’elle aimait tant.

Fredrik, le père d’Axel, aidait patiemment l’aîné de la fratrie, Hans Magnus, 10 ans, connu sous le nom de Hans. Les prénoms venaient des grands-pères de son mari. Fredrik était un grand-père aimant, n’hésitant pas à se mettre à quatre pattes sur le sol pour amuser les plus petits tout en aidant les plus grands, sans pour autant marcher sur le territoire des parents. Hans adorait les maquettes mais était assez pataud, aussi le plus âgé du duo l’aidait à guider ses mouvements. Rosalie pouvait déjà constaté des progrès.

Pendant ce temps, sa belle-mère, Hedvig, aidait la benjamine, Charlotte Eleonore, 4 ans, avec son alphabet. Rosalie avait gardé un léger contact avec sa mère biologique, ne serait-ce que pour être tenue au courant des affaires incluant feue sa sœur, et sa petite Charlotte avait développé un amour et un intérêt sincère pour celle qui était sa grand-mère mais dont elle ignorait le lien.

– Penses-tu que je pourrais écrire une jolie lettre à Madame de Polignac, Farmor ? (1) Demanda la petite
– Mais bien sûr que tu le pourras, min ängel ! ( 2 ) Répondit avec douceur sa grand-mère

Enfin, la cadette, Marguerite Nicole, 7 ans, brodait en silence près de sa mère. De ses trois enfants, Nicole était très certainement la plus calme, la plus discrète.

– Pappa ! ( 3 ) S’écria Charlotte en voyant son père entrer

Elle se précipita dans ses bras, il la souleva et embrassa sa joue avant de la reposer. Voyant son air grave, malgré le sourire qu’il offrait à ses enfants, ses parents comprirent que quelque chose était arrivé.

– Venez les enfants. Pappa doit s’entretenir avec Mamma. ( 4 ) Dit Hedvig, son mari et elle emmenant les petits dehors.

Une fois seuls, Axel autorisa ses larmes à sortir alors qu’il tendit à Rosalie une lettre venant de France, écrite de la main de Rainier de Jarjayes. La lisant, elle poussa un cri d’effroi, la main tremblante, laissant tomber la missive, fondant en larmes dans les bras de son mari.

– Adieu ma jeunesse… Sanglota-t-elle

Ceux qui avaient embellis son adolescence étaient partis.

Le cher André, si rieur, si gentil !

Grand-Mère à la chaleur maternelle et sucrée.

Et Oscar… Oh Oscar, l’éclair qui avait traversé sa vie !

Ils étaient tous six pieds sous terre.

 

XXXXX

1790, Suède.

La jeunesse de Rosalie s’éteignit un peu plus avec l’annonce de la mort de Madame de Jarjayes.

 

XXXXX

Décembre 1792, Italie.

Axel et Rosalie se tenaient là, avec leurs 5 enfants, face au tombeau d’Hedvig Eleanora, l’une des belles-soeurs tant aimées, dans l’Ancien cimetière des Anglais, à Livourne.

 

 

XXXXX

Octobre 1793, Suède.

Depuis la Suède, Rosalie reçut une lettre d’Axel, lui annonçant l’exécution de l’ancienne reine de France, Marie-Antoinette. La nouvelle peina Rosalie au plus haut point. La lettre de son mari était parsemée de tâches de larmes séchées, à quelques endroits, l’eau avait fait baver l’encre. Elle prit la plume et commença :

Mon tendre Amour,

Oh, comme il m’est difficile de lire ta lettre quand elle est le témoin de tant de souffrances ! Mon pauvre époux, je ne puis imaginer ta peine mais je souhaite la partager. Tout comme tu m’as épaulé lors du trépas de ma chère Oscar, laisse-moi, à mon tour, t’aider lors de ce cruel coup du sort ! Pauvre reine ! Elle qui n’était que douceur et gentillesse !

XXXXX

Décembre 1793, Suède.

Rosalie était dans la chambre de Charlotte, qui pleurait depuis des jours. La nouvelle de la mort de Madame de Polignac leur était parvenue. Son mari avait expliqué que si les docteurs avaient évoqué un cancer fulgurant, il était persuadé qu’elle était en réalité morte de chagrin, le cœur brisé par la mort de sa royale amie. Rosalie avait éprouvé une étrange tristesse. Elle était sa mère, mais elles n’avaient jamais été une famille. Pourtant, elles avaient tissé un lien. Et c’était ce lien dont elle faisait le deuil, séchant les larmes de son enfant.

 

XXXXX

Avril 1794, Suède.

Rosalie, enceinte, assistait aux funérailles de son beau-père. Quatre mois plus tard, elle accouchait de jumeaux : Fredrick et Oscar.

 

XXXXX

Avril 1800, Suède.

Exactement 6 ans, jour pour jour, après le décès de son mari, la belle-mère de Rosalie quitta à son tour ce monde. Elle eut cependant la joie d’avoir vu naître l’intégralité de ses huit petits-enfants.

XXXXX

20 juin 1810, Suède.

Isolée dans sa chambre, écroulée sur son lit, Rosalie pleurait à chaudes larmes et hurlait sa peine. Son cœur avait été brisé, l’hiver était venu.

Axel, son cher Axel, était mort.

Axel, son cher Axel, avait été assassiné par la foule, à coups de pierre, piétiné, sous les yeux de soldats qui avaient sans doute été payés pour ne pas intervenir. Un sauvage avait même été jusqu’à sauter à pieds joints sur sa poitrine, l’achevant à coup sûr ! Ah comme elle les détestait, comme elle les détestait tous !

– Mamma.

Elle se retourna et fit face à Hans, 31 ans, lui-même marié et père. Les yeux mouillés, il alla vers elle et la prit dans ses bras.

XXXXX

2 février 1848, Suède.

Les huit enfants de Rosalie et d’Axel entouraient le lit de leur mère, qui venait d’expirer, à presque 80 ans.

Rosalie ne s’était jamais remise de la mort de son mari. Elle ne se remaria pas et porta du noir du jour de son veuvage au jour de sa mort. Pour autant, malgré son cœur en morceau, elle fit preuve de courage, demeurant une mère présente, une grand-mère aimante, une aristocrate tenant son rang, faisant honneur aux noms des Fersen, prenant soin de ses neveux et de ses nièces. Elle eut même la joie de tenir dans ses bras quelques-uns de ses arrières petits-enfants.

Sa fille, Marie-Rosalie, avait été la compagne de ses derniers jours et quand elle révéla à ses frères et sœurs les derniers mots de leur mère chérie et aimée, ils ne purent qu’acquiescer en silence et être d’accord, elle l’avait bien mérité.

– Oh, Axel…

 

FIN

( 1 ) Farmor : Grand-mère paternelle en suédois
( 2 ) Min ängel : Mon ange en suédois
( 3 ) Pappa : Papa en suédois
( 4 ) Mamma : Maman en suédois

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!