Répondre à : Le lys et le coquelicot [Fini]

LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Le lys et le coquelicot [Fini] Répondre à : Le lys et le coquelicot [Fini]

#882
Marina de Girodelle
Senior Moderator
@marina-de-girodelle

Le Lys et le Coquelicot

Chapitre 6 : Découverte

Les mots de Fersen eurent l’effet d’un poignard plongé au plus profond de son cœur avec une virulence sans égale pour Oscar.

Axel de Fersen était amoureux d’une autre que la reine et son cœur avait choisi Rosalie.

Sa sœur de cœur.

Sa brise de printemps.

Autant elle avait eu des doutes au sujet de Rosalie, autant la révélation de Fersen l’avait laissée figée sur place.

Elle se sentit blessée, trahie, avant de se rendre compte de la stupidité de sa réaction. Personne, hormis peut-être André avec ses déductions fines, ne savait pour les sentiments qu’elle avait à l’égard du suédois. Et on ne pouvait pas contrôler son cœur. Chaque cœur était libre.

En sortant, Fersen la croisa et remarquant sa raideur, il baissa les yeux, honteux à l’idée qu’il aurait pu commettre un impair.

– Vous avez tout entendu, n’est-ce pas ?
– Oui…
– Je suis navré, cela n’était peut-être pas…
– Paix, Monsieur de Fersen. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je ne suis pas fâchée.

Elle le regarda. Il n’avait aucune idée de la peine qu’il lui avait infligée. Mais comment aurait-il pu le savoir ? Il ignorait l’amour qu’elle lui portait. Et Rosalie n’avait rien fait pour s’attirer les faveurs de l’homme.

– Je me dois de vous le demander, quelles sont vos intentions envers Rosalie ? Demanda-t-elle
– Si Rosalie ne me voit qu’en ami, je respecterai son choix.
– Et si elle vous aime en retour ?
– Alors, je vous demanderai l’autorisation de la courtiser puis de l’épouser, si elle désire devenir mon épouse.

Le mariage… Il voulait épouser Rosalie… C’était une nouvelle qui la peinait autant qu’elle la rassurait. Fersen était honnête et droit. Mais Madame de Fersen, ça ne serait jamais elle. Cependant, Rosalie était si bonne, si douce, si naturelle et sincère ! Elle méritait l’affection d’un tel homme. Deux cœurs qui s’aimaient, qui se trouvaient, cela devrait être suffisant, en théorie. Cela devrait être une source de joie. Leur bonheur ferait le sien, elle en fit le serment.

– Restez donc encore un peu. Je vais aller parler à Rosalie, voir ce qu’elle a dans le cœur. Parfois, seul, on a du mal à décrypter les hiéroglyphes de notre organe donneur de sentiments.
– Vous feriez cela, Oscar ? Vous être bonne. Trop peut-être.
– Ne soyez pas gêné, si je vous le propose.

André arriva et proposa à Fersen de descendre pour un chocolat. Oscar pénétra dans la chambre de Rosalie. Elle était debout, au milieu de la pièce, l’air encore hagard, sous le choc de la révélation de son ami.

– Eh bien Rosalie, tu ne vas pas réagir ainsi à chaque bellâtre qui te déclare sa flamme ? Plaisanta la colonelle

La voyant rougir, Oscar l’invita à s’asseoir et prit place à ses côtés.

– Dis moi, Rosalie, aimes-tu quelqu’un ?
– Oui… Confessa-t-elle

La femme soldat soupira. Cela allait être plus compliqué que prévu.

– L’amour est une science compliquée, Rosalie. Aussi, je vais essayer de faire au plus simple. Que t’apporte cet amour ?
– Des tourments. Il me fait mal.
– As-tu des sentiments pour Fersen ?
– De tous mes amis, il fait partie de ceux que j’affectionne le plus.

Oscar ne put s’empêcher de sourire, se retrouvant un peu dans ses mots, à ses débuts des émois amoureux.

– Mais tu m’as bien dit que la personne que tu aimes, l’aimer te fait mal. Qu’est-elle pour toi ?
– Avec elle, je me sens protégée.
– Mais ton amour est un amour impossible si je comprends bien. Que ressens-tu aux côtés de Fersen ?

Elle vit alors Rosalie pensive, cherchant sans doute comment mettre des mots sur des choses si difficiles à qualifier. Elle touchait au but.

– Avec Axel, je me sens protégée, certes, mais tellement plus encore. La personne que j’aime me comprend, mais elle ne me comprend pas aussi bien qu’Axel peut me comprendre. Avec Axel, je me sens spéciale, je me sens visible, je me sens femme là où avec cette personne, je me sens encore petite fille.
– Et l’aimer te fait-il mal ?
– Non, au contraire, je suis heureuse. Je suis heureuse sans lui mais je suis encore plus heureuse quand il est là.
– On y est presque ! Pensa Oscar

Oscar décida alors de jouer à un petit jeu. Elle regrettait de devoir en arriver là, car c’était un peu méchant, mais là, il le fallait bien.

– Et si je te disais que Monsieur de Fersen allait se marier ?

Elle vit alors Rosalie se décomposer. Dans le cerveau de la jeune fille, un tsunami d’informations se déversait dans son esprit mais l’idée était claire : elle jalousait cette fiancée et à sa plus grande honte, elle se surprit à désirer ardemment d’être la seule et unique Madame de Fersen.

– Tu l’aimes. Conclut Oscar

Les mauvais sentiments de la jeune femme était passés. C’était Fersen. C’était Rosalie. Deux être qui l’aimaient et qui la respectaient mais qui s’étaient trouvés. C’était le Destin. Et elle préférait savoir Rosalie et Fersen heureux ensemble que Fersen tout à elle mais malheureux ou Rosalie affligée.

– Qu’importe, puisqu’il se marie. Répliqua Rosalie plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu

Voyant Oscar se mordre le coin des lèvres pour ne pas rire, elle comprit alors qu’elle avait été dupée.

– Oscar, vous êtes cruelle !
– Certes, mais grâce à cela, tu sais désormais que tu es amoureuse.

Rosalie acquiesça. Elle aimait Oscar, mais sans doute d’un amour platonique, à la manière d’une sœur. C’était pour cela qu’elle se sentait fille là où Axel la faisait se sentir mature, adulte. A chaque fois qu’une dureté de l’existence la frappait, c’était vers lui qu’elle se tournait, c’était ses bras qu’elle désirait, c’était son nom qui valsait dans sa tête et ce n’était qu’en sa présence qu’elle retrouvait enfin la paix.

– Mais il aime la reine. Lui intima une partie d’elle

Elle se ressaisit. Il aimait la reine mais il l’aimait aussi. Elle aimait Oscar et elle l’aimait aussi. Le roi Louis XV avait eu beaucoup d’affection pour la reine Marie et il aimait ses maîtresses aussi. C’était là des amours différents mais des amours tout de même. Leurs différences même permettaient cette cohabitation particulière.

Oscar lui tendit la main et la mena à Fersen. André sembla comprendre et les laissa seuls. Axel la regarda et voyant son air doux, son sourire, il comprit alors. Elle s’avança.

Leurs lèvres se rencontrèrent.

 

 

A SUIVRE

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!