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LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Le lys et le coquelicot [Fini] Répondre à : Le lys et le coquelicot [Fini]

#878
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

Le Lys et le Coquelicot
Chapitre 2 : Un nouveau lien

Axel de Fersen retourna voir Oscar quelques jours après son agression, afin d’avoir des nouvelles. Il trouva Oscar en forme, toujours alitée, mais les couleurs avaient regagné ses joues. Sur sa table de chevet trônaient divers remèdes pour soulager la douleur de la blessure et de la suture, des onguents… Et des fleurs fraîches et parfumées, sans doute apportées par la douce Rosalie.

– Merci de votre visite, Fersen. Dit Oscar, reconnaissante
– Je vous en prie, c’est tout naturel. Répondit-il

Après une courte conversation, Fersen apprit que la raison de la joie d’Oscar venait du petit être que sa sœur Joséphine mettrait au monde quelques mois plus tard. La colonelle vouait un amour profond à ses neveux et à ses nièces, elle était une tante gâteau qui leur envoyait régulièrement des lettres, des cadeaux, des encouragements, des félicitations, elle était la confidente des petits maux enfantins. Souriant doucement, le suédois se demanda si la maternité attirait Oscar. Avant de se dire qu’il était peut-être dans le même cas qu’elle. A quoi bon la parentalité si on ne pouvait être le père ou la mère d’un enfant né de l’être aimé ? Il ignorait si Oscar était amoureuse, mais dans son cas si particulier, aurait-elle un jour la chance de connaître l’Amour ? La chance de sentir en elle la Vie grandir ?

– Rosalie est d’ailleurs en train de lui confectionner un cadeau brodé. Mes sœurs l’ont très vite acceptée et aimée, elle est un peu la septième fille Jarjayes. Dit la jeune femme
– Le contraire aurait été étonnant, Mademoiselle Lamorlière semble être une âme facilement aimable.

Comment aurait-il pu en être autrement ? Il n’avait vu Rosalie que deux fois, et chaque rencontre fut brève, mais comment ne pas aimer cette fleur délicate ? Elle avait l’air douce, fragile, on avait envie de la protéger face au monde cruel et la cruauté, elle avait en avait sans doute déjà fait les frais. Elle qui, jadis, avait vécu dans le Paris pauvre, les quartiers que l’on prenait soin de cacher au roi, à la reine, pour leur faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes, afin qu’ils soient les nouveaux Candide ? Sa réflexion fut coupée par un coup à la porte. Le sujet de la discussion apparut dans l’entrebâillement.

– Rosalie, entre donc. Lui intima Oscar

Rosalie était vêtue d’une robe violette, avec des dentelles de Calais couleur parme. Elle était serrée à la taille, grâce à un ruban similaire aux dentelles, mais elle tombait droite. Ses cheveux étaient relevés et formaient des anglaises qui tombaient sur son long cou fin et blanc. Un ruban rappelant les dentelles de sa mise décorait sa toison de blé. Un collier ras-de-cou violet satiné avec un discret pendentif ornait son cou, des boucles d’oreilles similaires en faisaient l’écho. Aucun maquillage. Elle respirait la fraîcheur, la délicatesse, Fersen était fasciné. La jeune femme le salua avec une courte révérence.

– Bonjour, Monsieur de Fersen.
– Mademoiselle Rosalie.

Elle lui adressa un sourire puis tourna son attention vers Oscar.

– Le docteur Lassonne est ici pour voir l’évolution de votre bras.
– Bien.
– Je vais vous laisser, Oscar. Dit Fersen en se levant
– Oh non ! Je vous en prie, ne nous quittez pas si tôt ! Le docteur n’en aura pas pour très longtemps, une demi-heure tout au plus. Grand-Mère serait ravie de vous avoir pour le thé. S’exclama l’alitée
– Eh bien, dans ce cas, je ne saurais lui retirer ce plaisir. Répondit Fersen en riant
– Rosalie, tu tiendras compagnie à Monsieur de Fersen.

Rosalie acquiesça. Le duo quitta la chambre alors que le médecin entrait. La jeune fille opta pour une promenade dans les jardins. L’air était doux et les fleurs commençaient à s’épanouir.

– Puis-je me permettre une question, Mademoiselle Rosalie ? Tenta Fersen

Elle lui dit que oui.

– Comment êtes-vous arrivée chez Oscar ?

La mine de Rosalie s’assombrit et son regard se voilà d’un drap de tristesse, et Fersen crut avoir gaffé. Il lui présenta aussitôt des excuses. Avait-il été maladroit ? L’avait-il blessée ?

– Non, rassurez-vous, vous n’y êtes pour rien. Assura la demoiselle. C’est juste… Une partie de mon passé qui est encore si fraîche… Si difficile…
– Alors, je retire ma question, et je m’excuse à nouveau.

Elle lui adressa un petit sourire.

– Votre question est légitime, Monsieur. Il est vrai que quand vous m’avez connue, je n’étais qu’une roturière…

Le duo s’installa sur l’herbe.

– Il y a quelques semaines, ma pauvre maman, qui s’est rendue malade par le travail et les corvées pour m’assurer de quoi manger un peu, a été renversée par le carrosse d’une noble, qui se hâtait vers Versailles. Cette noble n’a même pas daigné descendre, s’assurer que tout allait bien, elle a fait démarrer sa voiture et ma pauvre mère m’a quittée, dans mes bras.
– Je suis tellement désolé, Rosalie…
– Dans son dernier souffle, elle a avoué que je n’étais pas sa fille de sang… Selon elle, je suis la fille d’une noble dame… Martine-Gabrielle… Elle n’a pas eu le temps de m’en dire plus…

Une noble ?! Cela expliquait donc pourquoi il y avait toujours cette aura autour de Rosalie. Cette prestance, cette délicatesse, cette finesse… Le sang de la jeune fille ne pouvait mentir, elle était issue de la noblesse et pour une raison inconnue, elle avait été élevée comme une fille du peuple, à Paris, connaissant la faim, le froid, le deuil…

– Un gentil journaliste m’a aidée. Il a payé les frais d’inhumation de ma pauvre maman. J’avais juré vengeance sur sa tombe, aussi, je m’étais mise en direction du château, un couteau en poche. Je voulais tuer cette dame à la robe bleue à fleurs qui m’avait pris ma dernière famille. Mais, voilà la partie cocasse de l’histoire… Je n’avais jamais connu autre chose que mon quartier parisien… Et j’ai confondu le château des Jarjayes avec celui de Versailles !

Elle ne put s’empêcher de rire. Le jeune homme comprenait. Pour une enfant n’ayant jamais rien connu d’autre que la pauvreté, le domaine des Jarjayes passait pour un château de roi.

– Je vis ensuite Oscar qui aidait sa mère à descendre. Il faisait nuit et je ne vis que la robe bleue et quelques fleurs. J’ai foncé mais Oscar m’a très vite maîtrisée. Face à ma méprise, j’ai fondu en larmes. Madame de Jarjayes m’a pardonnée et depuis, Oscar me garde auprès d’elle. Les Jarjayes ne sont que gentillesse et bonté avec moi.

L’histoire de la jeune fille l’avait touché. Et il était bien heureux qu’elle ait eu un dénouement heureux. Rosalie semblait être une fille méritante, courageuse, aussi une nouvelle vie loin du besoin, dans l’amour, était un luxe qu’elle avait amplement gagné.

– Recherchez-vous votre mère, Rosalie ? Demanda-t-il, curieux
– Je n’ai qu’une maman, c’est celle qui est enterrée à Paris. Mais j’avoue que j’aimerais pouvoir rencontrer celle qui m’a mise au monde. Savoir qui elle est, à quoi elle ressemble, son histoire, notre histoire commune… Oh oui, comme je l’aimerais ! Son nom me hante chaque jour que Dieu fait !

Il lui prit gentiment la main.

– Le jour où vous vous sentirez prête, je vous aiderai.
– Merci… Monsieur de Fersen ?
– Oui ?
– Est-ce un péché d’aimer une femme, alors qu’elle est élevée en homme, quand on est soi-même une femme ?

La question était sortie sans ambages. L’histoire d’amour, la rumeur en tout cas qui prêtait un amour entre la reine de France et le suédois, n’était pas un secret. Fersen comprit.

– On ne choisit pas qui on aime, Rosalie. Tout comme l’on aime pas un corps, mais une âme. Vous aimez Oscar, n’est-ce pas ? Je peux comprendre… Je suis moi-même déchiré par un amour interdit. Rien que le fait d’aimer cette femme fait de moi un traître envers une personne importante de ce royaume. Je sais que je ne pourrais jamais être avec cette personne, en être le mari, le père de ses enfants mais je ne peux m’empêcher de l’aimer. Cet amour fait souffrir, il est vrai, mais il nous rend plus fort, il nous fait grandir. Et on ne peut lutter. J’ai bien tenté mais j’ai été malheureux le temps de mon absence. Rien que le fait d’être ici, dans le pays où elle vit, m’a rendu une partie de ma joie passée. Alors non, Rosalie. Ne soyez pas honteuse de vos sentiments pour Oscar. Ils sont sans doute plus purs que certaines romances acceptées par les mœurs de notre temps. Ah les amours impossibles, pourquoi sont-ils si attirants ? Pourquoi nous semblent-ils si exotiques ? Sommes nous des êtres qui apprécions en secret la souffrance ?

Rosalie serra la main de Fersen. Il sut alors qu’il avait une nouvelle amie. Une amie sur laquelle il pouvait compter, à qui il pouvait se confier. Elle savait ce qu’il vivait au quotidien, au fond de son cœur.

Ils étaient semblables sur bien des points.

 

 

A Suivre

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!