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LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions Le Jeu des Trônes (fini) Répondre à : Le Jeu des Trônes (fini)

#832
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

Le Jeu des trônes  

 
Chapitre 1: Les Roses noires éclosent la nuit 

 

 

Paris, avril 1774

 

Ce soir était un soir de printemps au vent très doux. Les étoiles illuminaient le ciel de Paris et pour une raison que Jeanne ignorait, elle lui semblait plus brillantes que d’habitude. Ses pieds nus marchaient sur les pavés tièdes. Elle préférait quémander le soir. Plus de monde. Plus de nobles. Les pierres des rues ne brûlaient plus à cause du soleil ardent. Hélas, ce jour-là, elle avait fait chou blanc, les gens semblaient plus proches de leurs bourses que jamais. Un carrosse richement décoré passa à côté d’elle.

– Voilà ma chance! Se dit-elle

Elle courut après en criant “ Arrêtez-vous! S’il vous plaît!”. Elle monta sur le marche pied pour apercevoir à l’intérieur un noble à la chevelure aussi châtain que son imposante moustache. Ses yeux bleu de Prusse étaient glacials, ils lui firent frissonner l’échine et la jeune mendiante avait l’impression que la température venait brutalement de chuter.

– Oh Monseigneur ! S’il vous plaît, l’aumône pour une pauvre orpheline qui descend des Valois.

L’homme lui saisit alors brutalement le bras.

– J’ai connu personnellement le Duc de Saint-Rémi, dernier descendant des Valois. Comment oses-tu avoir l’outrecuidance que de te faire passer pour sa fille ?!

Jeanne releva un peu plus la tête et le noble put alors voir toute la fierté dont elle était capable.

– Parce que c’est la vérité ! Je suis la fille du Duc de Saint-Rémi !

Il prit son menton entre son pouce et son index et la força à le regarder.

– Si tu es son enfant, tu dois avoir des traits hérités de lui. Si tu m’as menti, je te couperai en deux.
– J’espère que votre épée n’a pas envie de sortir de son fourreau.
– Tu as son cran, c’est un bon point.

Il lui souleva un peu la tête et s’approcha. Elle pouvait sentir une odeur de musc émaner de lui. Il resta un moment ainsi, à la contempler. Elle avait ses yeux, un grain de beauté placé sous l’oeil gauche à l’instar de son prétendu géniteur, ses cheveux avaient la même couleur d’ébène. C’était une véritable aubaine ! Une pouilleuse qui était en fait une descendante des rois de France !

– Monte. Ordonna-t-il

Légèrement surprise, Jeanne obéit. Les coussins pourpres du carrosses étaient plus doux et moelleux que tout ce qu’elle avait connu.

– Raconte-moi ton histoire.
– Je m’appelle Jeanne. Ma mère, Nicole Lamorlière, était une servante au service du Duc de Saint-Rémi. Il s’est épris d’elle et a fait d’elle sa maîtresse. Je suis née peu après.
– Nicole… Oui, je l’ai connue. Un beau brin de femme. Je me souviens l’avoir vue grosse. Ton père était ravi. Sa bonne femme n’était pas fichue que de lui faire un gosse. Il avait prévu que d’annuler son mariage pour épouser ta mère et te légitimer, mais la maladie l’a emporté avant.
– Vous étiez l’ami de mon père, Monseigneur ?
– Son frère de lait. Mais dis moi, petite Jeanne, quel est ton rêve ?

Elle planta son regard émeraude dans les yeux de son interlocuteur.

– Retrouver la place qu’est la mienne, à Versailles, et non pas dans ces taudis puants. Je suis une descendante de rois, je mérite mieux.
– L’on va bien s’entendre, toi et moi. Cocher ! A ma résidence !

Pendant tout le trajet, Jeanne observa les quartiers pauvres de la ville défiler et quitter son champ de vision. Le cauchemar était fini et la chance venait enfin de lui sourire. Finies les corvées, les travaux indignes, elle allait vivre en noble, en princesse même. Et pour que sa bonne étoile brille toujours, elle ferait n’importe quoi. Elle en faisait le serment.

 

XXXXXX 

 

Le château du Duc de Germain était immense. Tout comme il imposait le respect. Il était en pierre grise brute, l’architecture était de style gothique. La demeure semblait âgée mais forte, debout malgré le temps qui avait érodé les roches. Jeanne fut conduite dans ses nouveaux appartements. Il y faisait si bon ! Elle avait un immense lit à baldaquin avec des breloques d’or pur, les draps et tentures en velours pourpre. Les meubles étaient en acajou. Cette pièce seule était plus grande que son ancienne maison et celle de ses deux voisins réunies. Son nouveau protecteur avait ordonné qu’on la baigne et qu’on la pare avec des atours plus appropriés à sa condition. Alors que sa servante lui lavait le dos, elle lui apprit que la chambre et les robes appartenaient à la petite sœur du duc, qui les avaient laissées à son frère pour sa future fille s’il en avait une. Elle était désormais mariée, avait eu quatre fils et il était évident que c’était elle « qui portait la culotte » dans le couple. Jeanne fut vêtue d’une robe verte rappelant ses yeux, ses cheveux avaient été lavés, coiffés et légèrement parfumés. Une tiare en perle blanche ornait le haut de sa tête, faisant un magnifique contraste d’ombre et de lumière.

– Bon sang ne saurait mentir, Jeanne. Tu es une vraie Valois. S’exclama le duc quand il la vit

Il l’invita à s’asseoir près de lui, au coin du feu.

– Tu dois te demander pourquoi je t’ai accueille ici. Pour plusieurs raisons. La première est que j’adorais ton père. Il t’adorait aussi. Il est donc logique que je te sorte de l’indigence. Mais sache que cela n’est pas complètement désintéressé. Toi et moi avons un but qui passe par un chemin commun. Tu veux avoir ta place à la cour, la place d’une marquise, d’une princesse. Je veux être plus proche de la couronne. Voir mon nom couvert de gloire, lié à celui des Bourbon. Aussi, ai-je un plan. Mais avant de te l’expliquer, je veux savoir jusqu’où tu serais prête à aller pour cela.

Les yeux de Jeanne brillaient et le feu qui brûlait dans l’âtre lui donnait un air presque malfaisant.

– Le meurtre ne me fait pas peur et je sais que les larmes ne sont pas les seules armes d’une femme. Elle en a une bien plus puissante entre ses cuisses. Je n’ai pas peur de les utiliser toutes les deux.

Le duc eut un sourire satisfait.

– Avant de t’amener à la cour, tu dois avoir des liens et surtout, une éducation. Je ferai venir des professeurs pour faire de toi une vraie dame. Tu seras connue comme étant ma pupille et ma nièce, ce que l’on peut m’accorder vu que j’ai été le frère de lait de ton père. Tu seras connue sous le nom de Jeanne de Saint-Rémi.

Jeanne acquiesça.

– Pour obtenir titres et gloire, il faut passer par la case royale. On ne peut rien tirer de Louis XV. Il aime trop sa Barry et en plus, il n’est plus tout jeune. Non, il faut viser l’avenir, il faut viser le jeune dauphin Louis. Ta mission est très simple. Une fois à la cour, tu devras devenir l’amie de ce balourd myope. Sois douce et gentille avec lui, jusqu’à ce qu’il ne parle plus de son autrichienne, jusqu’à ce qu’il n’ait plus que ton prénom sur la langue. Ensuite, tu le séduiras, tu le charmeras.
– Et je devrais faire en sorte qu’il me fasse un royal bâtard. Vu qu’il tient à être honorable, il reconnaîtra l’enfant et nous nous verrons titrés. Et si sa femme reste stérile, il aura vite fait son choix pour l’avenir de sa dynastie. Entre elle et son ventre plat et moi, pleine des courbes délicates de la grossesse, je deviendrais peut-être la nouvelle reine de France. Le nom de Germain n’en serait qu’encore plus lié qu’avec qu’un bâtard légitimé.
– Je vois que l’on se comprend à merveille.

L’homme prit deux verres qu’il remplit de vin. Il en tendit un à Jeanne et ensemble, ils trinquèrent à leur avenir plein de promesses.

A Suivre 

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!