Répondre à : En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini]

LADY OSCAR / LA ROSE DE VERSAILLES Les fanfictions En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini] Répondre à : En attendant les cloches [Recueil d’OS – fini]

#825
Marina de Girodelle
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@marina-de-girodelle

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Sujet 3: Le Général de Bouillé, sous les ordres de Marie-Antoinette, organise une chasse aux oeufs pour divertir ses soldats. Les différentes compagnies dont celle du Général de Jarjayes, d’Oscar, de Fersen et de Girodelle, sont obligées de participer. Un lot sera offert aux vainqueurs.

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En attendant les cloches

L’esprit Coubertin

 

Face aux mines blasées de son père et du général de Bouillé, Oscar ne put retenir un sourire. La seule chose qui empêcha un fou rire d’éclater du plus profond de sa gorge était la présence de la reine. Elle n’avait pas envie de passer pour une moqueuse après l’annonce de l’idée de Sa Majesté :

Une chasse à l’oeuf.

Au début, quand Marie-Antoinette avait annoncé son désir d’organiser une chasse à l’oeuf, Oscar avait pensé qu’on les appelait pour la sécurité des enfants royaux, surtout du petit dauphin à la santé déclinante, la vivacité de son jeune frère, la brusquerie maladroite de leur cousin, le duc d’Angoulême. Puis quand la reine corrigea leur méprise, surtout quand ils avaient évoqué leur surprise à l’idée d’un déploiement aussi important de soldats, l’expression première de stupeur des deux généraux avaient causé à Oscar ce soulèvement de lèvres. Fersen semblait le seul à ne pas avoir été saisi par les paroles de la jeune femme, comme s’il était habitué aux facéties de son grand amour. Quant à Girodelle, s’il avait haussé un sourcil, il n’en était pas moins resté assez stoïque.

– Une chasse à l’oeuf… Pour les soldats, Majesté ? Parvint à balbutier Rainier.
– Oui, pour les soldats ! Répondit Marie-Antoinette comme si c’était la chose la plus évidente du monde.
– La bonté de Votre Majesté ne cessera jamais de nous étonner. Lança Girodelle. Je suis certain que mes hommes seront ravis de savoir que vous avez pensé à eux en ces temps de fêtes.
– Je serai honnête Monsieur de Girodelle. Dit alors la reine, son visage se peignant d’un air qu’on lui voyait peu.

Ses traits étaient en effet dessinés par une expression qui semblait presque contradictoire avec son caractère spontané : le sérieux.

– Bien évidemment, il va de soi qu’il me fait plaisir d’organiser cette distraction pour nos soldats, qui nous protègent et par extension, qui protègent la France.

Elle prit une gorgée d’eau.

– Il y a cependant des rumeurs comme quoi il y aurait des tensions entre les divers corps militaires de la cour et même en interne ! J’entends y mettre fin avec cette chasse. Voir toutes les armées ensemble, se prêtant à un jeu d’équipe, voilà qui fera taire les médisances. Les mots circulent vite et même à l’étranger, où nos ennemis se rient de nous.

Rainier et le général de Bouillé reprirent alors leur air sérieux. Il fallait admettre que la reine venait de leur prouver qu’elle était capable d’une intelligence fine.

– L’équipe qui gagnera se verra attribuer une petite bourse de la part du roi. Ajouta-t-elle. J’entends voir un esprit d’équipe durant cette chasse mais sachez aussi le maîtriser. Il serait dommage que la nature méchante tapie en chaque homme ne resurgisse à cause de cette compétition.

Faire une chasse à l’oeuf en équipe, Oscar trouvait l’idée bonne sur le papier. Cela renforçait la cohésion de groupe, cela aidait au stratagème de Marie-Antoinette, c’était un entraînement déguisé. Mais devenir un spectacle pour une majorité de nobles qui s’ennuyaient, elle s’en serait bien passée. Voilà qu’elle leur servait de divertissement. Aussi, elle n’écoutait que d’une oreille les règles énoncées par la reine :

Deux heures pour trouver le maximum d’oeufs.
Ne pas voler les œufs d’une autre équipe.
Si deux membres d’une équipe opposée trouvaient un œuf en même temps, ils devaient le partager en part égale.
En cas d’accident, les membres des équipes avaient ordre de cesser la chasse et d’assister le blessé, allié comme rival.

Chaque équipe avait un foulard d’une couleur différente, afin de les reconnaître. Rainier avait la couleur rouge, Bouillé le pourpre, Fersen le bleu, Girodelle le vert et Oscar le jaune. La chasse avait été limitée à l’Orangerie du château.

– Que les meilleurs gagnent !

Au son du cor de chasse, les soldats s’élancèrent alors, les spectateurs scandant les noms de leurs favoris. Certains prenaient même des paris, ce qui ne manqua pas d’exaspérer Oscar un peu plus et de la conforter dans son idée qu’elle était une bête de foire.

– Trois, deux, un… C’est terminé !

Fersen et Girodelle se faisaient face, le dernier œuf à leurs pieds. Le suédois se baissa, le ramassa et à la surprise générale, il le tendit à son adversaire.

– Vous être arrivés avant de moi de quelques secondes. Justifia-t-il

La reine elle-même procéda au comptage et nouvelle stupeur : par son geste altruiste, Fersen avait offert la victoire à Girodelle, d’un œuf. Bouillé arrivait bon dernier avec six œufs. Puis Rainier avec dix. Oscar était ex-aequo avec son père. Fersen avait quinze œufs, Girodelle seize. Le capitaine reçut une bourse bien replie. Il l’ouvrit, la tendit à Fersen.

– Vous m’avez offert la victoire alors que vous étiez en tête. Permettez-moi, en retour, de partager.

L’homme lui sourit puis ils décidèrent que chaque homme de leur équipe auraient droit à une pièce de la bourse, en souvenir. S’il en restait encore après distribution, l’argent serait donné à un orphelinat. Les nobles murmuraient entre eux, entre émotion face à cet esprit sportif et surprise face à cette chose qui était si étrangère à la cour : un altruisme désintéressé et sincère. L’impact de la scène fut tel que certains décidèrent de les imiter. L’argent obtenu par leurs paris serait reversé à des œuvres de bienfaisance ou à une église.

– Mes amis, vous faîtes honneur à l’esprit de partage de Pâques ! Les félicita Louis XVI. Venez, il est venu le temps du réconfort après l’effort ! Un banquet nous attend tous !

FIN

~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!