Une union parfaite

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    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Une union parfaite

     

    Il pouvait entendre les domestiques parler alors qu’ils les pensaient sourds à leurs quolibets. Il les entendait le plaindre.

    « Madame Jeanne est si dure avec lui ! »

    « Madame Jeanne est si méchante avec lui ! »

    Ce qu’ils n’avaient pas compris, c’était que c’était justement la méchanceté affichée de Jeanne qui lui plaisait chez elle. Nicolas n’aimait pas les filles tendres, qui rêvaient de princes, de princesses, de romance. Cela était d’une platitude lassante pour lui. Depuis qu’il était petit, aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir, il avait toujours aimé dominer. Faire mal. Car faire souffrir le faisait se sentir puissant, supérieur. Une femme gentille et soumise, ça l’aurait vite ennuyé. Quand on lui avait annoncé qu’il allait épouser Jeanne, une jeune fille issue du dernier des Valois, recueillie par une marquise au bon cœur, il s’attendait à jouer les nounous auprès d’une enfant fragile, traumatisée par la vie du peuple qu’elle avait dû subir, maniérée. Il avait en réalité épousé une lionne. Mais surtout, Jeanne était la première à le comprendre, la première à ne pas avoir peur de lui, la première à vouloir jouer avec lui. Jeanne l’avait accepté tout entier, elle cultivait ses penchants, et il avouait aisément avoir trouvé son maître. Jeanne était belle. Jeanne était sexy. Jeanne était une âme embrasée et en colère. Jeanne n’avait peur de rien. Jeanne visait haut. Jeanne était aventureuse. Jeanne était intelligente. Avec Jeanne, il pouvait s’amuser sans rien risquer, sans qu’elle ne lui fasse une scène. Oh, quand elle lui avait demandé de chasser sa sœur et qu’elle n’avait pas désapprouvé le fouet ! Il se doutait bien qu’elle ne voulait qu’une chose :

    L’effrayer assez pour qu’elle ne revienne jamais.

    Pour autant, malgré l’affection qu’elle devait avoir pour elle, elle n’avait rien dit, rien fait, malgré le fait qu’elle savait que sa sœur allait être violentée. Pour Jeanne, la fin justifiait les moyens et il ne l’en avait aimé que davantage. Avec Jeanne, l’ennui était absent, chaque jour un nouveau défi dans son aventure qui était de retrouver la place qui était la sienne, ou qu’elle jugeait être sienne et elle l’avait juré devant Dieu : peu importait si elle devait mentir, voler, tuer, jamais plus on ne la verrait avoir faim ! Jamais plus on ne la verrait autrement que comme une femme de sang royal ! Jamais plus on ne la laisserait pour compte, parce qu’elle comptait aussi !

    Elle était Jeanne, fille naturelle du duc de Saint-Rémi et sa place était à la cour, aux côtés du roi, de la reine, du beau monde !

    Jeanne lui était naturellement supérieure sur tous les plans, du sadisme à l’élégance, elle était une rose noire, une fleur vénéneuse, belle mais mortelle, qui ne se débarrassait de ses épines et de son venin qu’avec lui.

    Car elle pouvait avoir aussi des gestes tendres.

    Il connaissait son côté fragile, son besoin d’être rassurée et face à sa force de caractère, face à un tel personnage, Nicolas ne put développer qu’une autre facette, une qu’il n’aurait jamais cru développer un jour :

    De la tendresse.

    Il avait envie de protéger Jeanne. Parce qu’il en était amoureux fou et comme elle acceptait toutes ses facettes, il acceptait toutes les siennes, c’était bien normal.

    Une autre aurait fui.

    Elle, elle l’aimait. A sa manière, mais elle l’aimait. Elle ne lui demandait pas de changer.

    Pour lui, Jeanne était donc l’épouse parfaite et pour rien au monde il n’aurait voulu en changer.

     

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

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