L’alphabet d’Oscar de Jarjayes

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  • #1605
    Marina de Girodelle
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    P comme Peintre

    C’est curieux, pense-t-elle alors qu’elle pose, de détester être peinte alors que l’on descend littéralement d’un peintre connu et anobli. Oui, c’est un comble, c’est même ironique. Oscar en a conscience. Elle, elle préfère tirer le rouge d’une blessure du fil de son épée plutôt que le carmin sur les poils d’une brosse qui effleurera la toile de l’artiste. Pourtant, dans ses veines, du côté de sa mère, du sang lorrain.

    Le sang de Georges de la Tour.

    Ce peintre désormais un peu oublié mais qui a été tant apprécié par Louix XIII qu’il a été anobli, ce qui a permis aux parents de la commandante de la Compagnie B des Gardes Françaises de se marier sans que cela ne soit vu complètement comme une mésalliance.

    Elle descend d’une lignée d’artistes : le fils de Georges aussi a peint.

    Sa propre mère peignait avant d’y renoncer, une promesse faite à Dieu s’il lui accordait d’épouser l’homme qu’elle aimait.

    Et il y a elle qui n’aime pas être le sujet des œuvres.

    Est-ce cela, être le désappointement familial ?

    Elle sourit.

    Il faut bien qu’elle ait une imperfection, sinon, elle les ennuierait tous !

    FIN

    ~ Un soleil se couche, un autre se lève et ce qui fleurit aujourd'hui périra demain. Tout n'est que vanité!

    #1610
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    Q comme Questions

    La vie d’Oscar est une succession de questions sans réponses :

    Pourquoi est-elle née femme au lieu d’homme ?

    Pourquoi la guerre ?

    Pourquoi la haine ?

    Pourquoi l’injustice et la corruption ?

    A ces interrogations, elle a réussi à trouver des pistes, des voies pour l’apaiser, un chemin de croix de dizaines d’années.

    Elle est née femme parce que Dieu l’a voulu ainsi : peut-être a-t-il voulu, à travers elle, enseigner à son père qu’une femme pouvait être, à l’instar d’un homme, un brillant héritier.

    La guerre existe parce que l’être humain, qui peut se montrer aussi adorable que belliqueux, n’arrive pas à mesurer la beauté des mots et préfère l’éclat des épées.

    La haine existe car l’homme n’est pas assez éduqué. La haine naît de la peur et des préjugés et une fois l’humanité suffisamment instruite, alors peut-être que cela appartiendra au passé.

    L’injustice et la corruption, elle, naissent de la faiblesse humaine et là encore, cela s’effacera avec le progrès.

    Mais il y a une question qui la hante, qui lui tenaille le cœur, dont elle sait qu’elle ne se départira pas parce qu’il est trop tard : André est mort.

    Pourquoi a-t-elle été aussi aveugle face à ses propres sentiments ?

    Pourquoi a-t-elle permis qu’autant de temps ensemble soit gâché ?

    Pourquoi est-ce lui qui a perdu la vue alors que c’était elle qui ne voyait rien ?

    Et pourquoi, Dieu du Ciel, pourquoi n’est-elle pas morte sur place, alors qu’elle hurlait : son cœur venait de lui être arracher alors pourquoi lui infliger une telle agonie ?

    Elle sait qu’elle mourra sans savoir.

    FIN

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    #1613
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    R comme Rosalie

    -Oh Rosalie, il est magnifique ! Tu fais tellement pour moi ! Comment pourrai-je être un jour à la hauteur de tout ce que tu m’offres ?!

    Rosalie, épuisée mais heureuse, embrasse son époux. Leur fils dort dans les bras maternels.

    -J’aurais tant aimé qu’Oscar puisse le voir. Mumrure la jeune maman. Elle aurait été si heureuse ! Et puis, ils partagent un anniversaire !

    Sauf qu’Oscar le voit. C’est juste que personne ne peut l’apercevoir : les fantômes doivent être discrets pour ne pas effrayer les vivants. Mais elle était là, à lui tenir la main, même si l’accouchée ne le sentait pas, tout le long du travail. Elle était là quand le petit garçon a poussé son premier cri. Et oui, oh oui, comme elle est heureuse de voir sa petite sœur de cœur fonder sa famille ! Quel honneur c’est pour elle de partager son anniversaire avec cet enfant !

    -J’avais pensé l’appeler Oscar… Avoue Rosalie. Mais je ne veux pas qu’il soit juste un hommage ou un souvenir d’elle… Notre fils mérite d’être sa propre personne. Oscar elle-même ne l’aurait pas voulu.

    -Et pourquoi pas François, alors ? Suggère son époux. C’était le second prénom d’Oscar. Ainsi, tu gardes ton hommage sans que cela ne soit trop lourd à porter.

    Comme pour approuver son père, le bébé gémit doucement.

    -François Bernard André Châtelet. Déclare la mère

    -Tu n’ajoutes pas Nicolas ? La variante masculine du prénom de ta mère ?

    -Ca commencerait à faire très long.

    Ils rient.

    Oscar, elle, caresse les cheveux d’or de François, émue aux larmes : elle ne mérite pas tant d’éloges.

    FIN

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    #1615
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    S comme Sang

    -Père, pouvons-nous nous arrêter ?

    Rainier hausse un sourcil mais ordonne qu’on arrête la calèche. Oscar, sept ans, descend et part à la rencontre d’une mère tenant contre elle son enfant. Ils sont sales, amaigris, il est évident qu’ils sont des mendiants.

    -Bonjour, Madame.

    La pauvresse trouve la force de sourire : rares sont ceux qui s’arrêtent.

    -Tenez. Pour votre enfant et vous.

    Oscar lui tend un louis d’or.

    -C’est bien trop, Monsire ! Je ne pourrai jamais vous le rendre !

    -C’est donné avec le cœur.

    Le Général descend, dit à la malheureuse que si besoin était, elle peut venir au château de Jarjayes : elle trouvera toujours un plat chaud à une table. Père et fille remontent en voiture.

    -Votre acte était très chrétien, Oscar. La complimente l’adulte

    -Je ne supporte pas la pauvreté, elle est si injuste… Père, pourquoi il y a-t-il des gens si pauvres ? Le sang que l’on porte, on ne le choisit pas alors pourquoi accepter tant de misère ? Pourquoi Dieu laisse-t-il cela se passer ? La Bible dit qu’il faut aimer son prochain et aider son voisin !

    -Ce n’est pas Dieu qui cause la misère, mon fils. C’est l’homme. Il comprend mal les enseignements catholiques.

    -Ils n’ont qu’à mieux écouter au catéchisme !

    Le noble ne peut s’empêcher d’éclater de rire face à la logique implacable de son héritier. Même si elle marque définitivement un point.

    Le lendemain, la mendiante arrive à Jarjayes avec son enfant pour un peu de pain.

    Elle ne repartira pas : Madame de Jarjayes l’engage pour qu’elle et son petit ne soient jamais plus à la rue.

    FIN

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    #1616
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    T comme Tuberculose

    Ses poumons la brûlent, sa gorge est âcre et son mouchoir, lui, devient de plus en plus écarlate. La fatigue est sa nouvelle compagne, les nuits sont courtes et son dos froid. Pourtant, ce qui la glace, ce sont les mots du docteur.

    Elle est malade.

    La tuberculose la ronge.

    Et dans un an, un an si le Ciel est généreux, elle sera morte.

    Elle en ressent de la colère : qu’a-t-elle fait pour mériter une fin aussi ignoble, aussi douloureuse, aussi traumatisante, pour elle comme pour ses proches ? Elle qui a toujours tenté d’être juste, bonne, courageuse, chrétienne alors que d’autres, les infâmes qui tirent dans le dos des enfants après leur avoir menti, vivent et rient à gorge déployée ?

    Pourquoi elle ?

    Qu’a-t-elle fait de mal ?

    Elle ne verra pas ses neveux et nièces grandir, elle ne pourra rien bâtir avec André, elle ne verra pas Rosalie s’épanouir, elle ne verra pas la transformation de cette France qu’elle aime tant…

    Pourquoi elle ?

    Les paroles d’un prêtre alors qu’elle part en confessions ne la consolent pas :

    « Dieu vous rappelle à lui parce qu’il ne veut pas qu’une si belle âme ne souffre face aux tumultes qui se profilent. »

    Peut-être.

    Mais elle est trop en colère pour l’instant et cela, Dieu le comprendra sûrement. Et comme il est bon, il lui pardonnera sa faiblesse : elle n’est qu’humaine.

    Une fois seule dans le silence de sa chambre, elle éclate en sanglots.

    Elle est en train de mourir.

    FIN

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    #1617
    Marina de Girodelle
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    @marina-de-girodelle

    U comme Uniforme

    Grand-Mère est en train de ranger les armoires et a ressorti les uniformes. Ce n’est que là que cela frappe Oscar :

    Toute sa vie durant, ou presque, elle aura porté, sans le savoir, les couleurs de la France nouvelle.

    De ses quatorze à ses dix-huit ans, elle aura porté l’uniforme blanc des capitaines de la Garde Royale. La pureté, l’innocence, le lys royal.

    De ses dix-huit ans à ses trente et un ans, elle aura porté l’uniforme rouge des colonels de la Garde Royale. La passion, le feu, le sang, la fougue de la jeunesse, les premiers émois, les premiers tourments aussi.

    Et désormais, depuis ses trente et un ans, elle porte l’uniforme bleu des capitaines des Gardes Françaises. Une couleur plus froide, plus apaisante, la couleur royale certes mais aussi celle de l’eau, une puissance sous-estimée.

    L’ironie est belle.

    Elle n’en parlera qu’à André : lui aussi goûte ce genre d’anecdote.

     

    FIN

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    #1618
    Marina de Girodelle
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    V comme Violon

    Ses doigts courent sur les cordes, l’archet glisse, les notes de musique s’élèvent et elle, elle a le sentiment de ne plus être sur Terre.

    Le violon est pour elle quelque chose de merveilleux, de magique.

    C’est un instrument compliqué, qui demande de la technique. Mais une fois qu’il est maîtrisé, il est juste superbe et pour celui qui en joue, ses sons sont ce qu’il y a de plus proche du chant des anges.

    Quand Oscar joue, elle oublie tout : son cœur qui saigne pour Fersen, la peur qui la saisit pour Marie-Antoinette, les craintes qu’elle a par rapport à ce pays qui change si vite.

    Il n’y a plus qu’elle, la musique, le contact réconfortant du bois.

    FIN

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    #1619
    Marina de Girodelle
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    W comme Whisky

    C’est mal, elle le sait. Elle danse avec une addiction, un démon qui refusera de la laisser prendre un cavalier plus sain, plus stable. Pourtant, elle observe sa robe d’ambre et elle y trempe les lèvres.
    Il n’y a que le whisky et le brandy qui la calment en ce moment.

    Oscar s’en veut d’avoir répondu si durement à Grand-Mère : elle le sait que c’est dangereux. Et sa vieille nourrice qui l’aime tant se soucie juste de sa santé, comme n’importe quelle mère et grand-mère.

    Et pourtant, malgré tout cela, elle replonge toujours dans les bras de l’alcool qui anesthésie toutes ses peines, physiques comme morales, même en sachant qu’il n’arrange rien, n’a jamais rien arrangé, n’arrangera jamais rien.

    Il va falloir qu’elle trouve une autre issue.

    Il serait dommage d’ajouter à sa tuberculose une cirrhose du foie.

     

    FIN

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    #1620
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    X comme Xénophobie

    La chienne autrichienne… Quelle horreur. Oscar sent ses poils se dresser et son cœur se révolter.

    Pourquoi détester les étrangers ?

    Pourquoi croire que c’est par eux que le malheur arrive ?

    Comme s’il était apparemment impossible et inenvisageable qu’il n’arrive par des personnes « bien françaises »…

    Elle a déjà vu comment les nobles regardaient ce pauvre petit Zamor, le page de Madame du Barry, comme s’il était un animal de foire. Certes, une peau noire, on en voit peu en France. Mais est-ce là une raison de parler dans son dos? Pire, de le traiter de petit singe?

    Elle n’a jamais compris non plus la haine envers le peuple juif : certains arguent qu’ils ont trahi Jésus. Donc, pour la faute d’une personne, on condamne la foule entière?

    Et aujourd’hui, elle entend la haine contre la reine.

    On lui reproche des origines qu’elle n’a pas choisies, dont elle n’a pas à rougir, dont elle n’a pas à avoir honte. Ne sont-ils pas tous des enfants de Dieu?

    Le racisme est le poison de l’humanité, elle en est convaincue.

     

    FIN

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    #1621
    Marina de Girodelle
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    Y comme Yeux

    On dit que les yeux sont une porte vers l’âme des gens. Et alors qu’elle voit, qu’elle a l’usage complet de ses deux globes oculaires, Oscar réalise qu’elle est pourtant aveugle. Nue comme au jour de sa naissance, lovée contre André, sentant le velours de sa peau, elle constate le regard caressant de son amant, celui qu’il a toujours eu envers elle et qu’elle n’a jamais su déchiffrer…

    -Je suis une idiote…
    -Une idiote, Oscar?
    -Si seulement j’avais compris plus tôt… Nous aurions pu vivre tant de belles choses…

    L’homme lui embrasse le front.

    -Tu as compris, Oscar. C’est tout ce qui compte. Je n’en demande pas plus. Et ces belles choses, nous les construirons ensemble. On rattrapera le temps perdu.

    Elle sourit, s’imagine tout ce qu’ils feront. Quelle belle vie cela serait…

    Ils ignorent qu’ils vivent le dernier et l’avant-dernier jour de leurs vies respectives.

    FIN

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    #1622
    Marina de Girodelle
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    Z comme Zinzolin

    -Cela manque d’ombre. Ajoute une touche de zinzolin.

    Joséphine observe sa petite soeur, les yeux ronds. Leur mère, elle, est médusée. Oscar déteste la peinture, déteste encore plus poser. Ce qui contraste avec elle qui adore cela, elle qui est une descendante de peintres, de Georges de la Tour.

    -Zinzolin? Reprend l’aînée
    -C’est un rouge un peu violacé. Cela va donner une ombre à la manche sans devoir utiliser du brun ou du noir. En plus, tu auras un beau dégradé.

    Georgette approuve, l’idée d’Oscar est excellente.

    -Comment connais-tu tout cela, mon enfant? S’enquiert-elle
    -Ce n’est pas parce que je n’aime pas cela que je ne m’y intéresse pas. Par respect pour vous et pour pouvoir en discuter.

    La comtesse se sent fondre.

    -Et puis, à force de regarder, on retient malgré soi.

    Elle sourit : ses enfants, tous sans exception, sont extraordinaires.

    FIN

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